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Label Carbon Agri

De 4 000 à 5 000 euros pour un éleveur économisant 400 tonnes de CO2


TNC le 04/10/2019 à 08:12
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Une réduction des émissions de carbone d'environ 10 % reviendra à une économie annuelle de 50 tonnes de CO2. (©Cniel)

L'État vient de valider « Carbon Agri », une méthode de calcul de la réduction de l'empreinte carbone des élevages. Les éleveurs vont pouvoir ainsi être rémunérés pour leurs efforts contre le changement climatique en vendant des crédits carbone à des grandes entreprises et des collectivités.

Le référentiel « Carbon agri » créé par le Cniel avec l’Idele, Interbev et la Confédération nationale de l’élevage afin que les éleveurs soient rémunérés pour leurs efforts contre le changement climatique en vendant des crédits carbone vient d’être labellisé par le ministère de la transition écologique.

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Le marché du carbone est aujourd’hui inexistant en France, mais la filière a « pris le pari de démarrer tout de suite pour qu’on dise que nous sommes source de solutions avant qu’on ne dise qu’on est mauvais pour l’environnement et qu’on nous taxe », explique Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la fédération des producteurs laitiers (FNPL) et présidente de France Carbon Agri Association.

« Aujourd’hui 9 500 éleveurs sur 57 000 sont entrés dans une démarche de baisse des émissions carbone », le crédit carbone étant « un élément supplémentaire pour la prise de décision des éleveurs » vers des usages plus vertueux pour l’environnement, a déclaré à l’AFP Thierry Geslain, directeur du développement durable du Cniel.

Sur une ferme de vaches laitières moyenne (500 000 litres de lait par an), une réduction des émissions de carbone d’environ 10 % reviendra à une économie annuelle de 50 tonnes de CO2. Les recettes des ventes des crédits carbone reviendront aux éleveurs, selon le Cniel.

Réduire de 20 % les émissions de carbone d’ici 2025

Avec cette labellisation, Thierry Geslain se sent « plus optimiste » sur le fait que la filière laitière atteindra bien l’objectif qu’elle s’est fixée de réduire de 20 % ses émissions de carbone d’ici 2025.

Le référentiel « Label bas carbone » a été créé en novembre 2018 par le ministère de la transition écologique et pour l’instant, seule la foresterie a été labellisée. Les filières bovines ont développé une méthodologie de calcul de crédit carbone, nommée « Carbon Agri », conforme à ce label. Cette méthodologie s’effectue à l’échelle de l’exploitation et pas sur un seul atelier. Elle comptabilise les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la séquestration du carbone.

« Pour obtenir des crédits carbone, les éleveurs devront réaliser un diagnostic carbone » qui évaluera leur empreinte carbone actuelle et identifiera les actions à mettre en œuvre pour la réduire. Après un délai de cinq ans, un nouveau diagnostic sera réalisé pour mesurer les économies de carbone réalisées sur l’élevage et – c’est une nouveauté dans cette méthodologie – les co-bénéfices obtenus au-delà de la ferme : l’aménagement des territoires, l’entretien des prairies, le maintien de la biodiversité… », explique le Cniel.

Une entreprise ou une collectivité qui veut compenser sa production de CO2 pourra financer le projet de réduction des émissions de carbone d’un groupement d’agriculteurs à travers un contrat sur cinq ans. Pour les agriculteurs, le premier versement aura lieu en milieu de projet et le solde sera versé à l’issue des cinq ans, selon la réalisation des objectifs.

« Vu le contexte, les entreprises qui souhaitent atteindre la neutralité carbone sont nombreuses et vont chercher à acheter des crédits carbone », selon Jean-Baptiste Dollé, chargé de l’évaluation environnementale à l’institut technique de l’élevage. Des entreprises comme La Poste, ou des groupes de luxe français se sont déjà montrés intéressés, selon Thierry Geslain.

Pas une manne

« Le prix sera à négocier entre éleveurs et entreprises intéressées. Aujourd’hui la tonne de CO2 se vend sur les marchés internationaux 10 à 15 euros la tonne. Si un éleveur économise 400 tonnes de CO2 pendant la durée du projet, cela pourrait donc lui rapporter entre 4 000 et 5 000 euros sur cinq ans. C’est un coup de pouce financier mais pas une manne », tempère cependant Jean-Baptiste Dollé.

La filière travaille aujourd’hui à la création de référentiels pour les élevages ovins et caprins pour « inscrire la totalité de la filière des ruminants dans la stratégie bas carbone », a indiqué Jean-Baptiste Dollé.

Lire aussi le témoignage :
Ferme laitière bas carbone – Jean-Marc Burette, éleveur (62) : « Moins d’émissions de GES, plus de revenu »