Des agriculteurs en colère ciblent préfectures et poids lourds
AFP le 25/11/2024 à 16:39
Pneus et fumier déversés devant la préfecture du Pas-de-Calais, barrages filtrants sur l'A21 à l'appel de la Coordination rurale, mur devant la préfecture des Ardennes à l'appel de la FDSEA : les agriculteurs ont entamé lundi une deuxième semaine de mobilisations. (Article mis à jour à 17h35)
À Arras, une centaine d’agriculteurs ont convergé vers la préfecture en début de matinée, traversant la ville avec une cinquantaine de tracteurs, avant de déverser ballots de paille, palettes, pneus et fumiers devant la préfecture, a constaté un journaliste vidéo de l’AFP.
Pour Patrick Legras, agriculteur et président de la Coordination rurale pour les Hauts-de-France, « les problèmes de revenus agricoles sont fondamentaux pour au moins 50 % des agriculteurs ».
« L’année a été catastrophique dans beaucoup de domaines, les céréales, la fièvre catarrhale, sur les élevages », a-t-il ajouté, déplorant que « la seule chose qu’on nous propose, ce sont des prêts pour rembourser des prêts ».
« On nous demande toujours plus de produits à bas coût, et ça, ce n’est pas possible, avec des normes qui sont toujours plus importantes pour nous », a souligné Damien Salomon, co-président de la Coordination rurale du Pas-de-Calais.
« Des murs pour montrer la distance avec l’administration »
Après une première semaine de mobilisations agricoles contre le traité de libre-échange que l’Union européenne négocie avec des pays latino-américains du Mercosur, les syndicats agricoles poursuivent leurs actions pour dénoncer les « entraves » et les « normes », à quelques semaines de leurs élections professionnelles.
Dans les Ardennes, la FDSEA a mené des actions contre la préfecture de Charleville-Mézières, et les sous-préfectures de Sedan, Rethel et Vouziers. Selon la préfecture, 121 tracteurs et 178 agriculteurs étaient mobilisés au total dans le département.
Avec du parpaing et du ciment, « on va construire des murs pour représenter la distance qui sépare le paysan et l’administration », a déclaré Thierry Huet, animateur de la FDSEA des Ardennes à l’AFP.
✊🚜 #FNSEA et @JeunesAgri sur le terrain | Mobilisation des agriculteurs adhérents des Alpes-Maritimes.
👉 FNSEA et #JeunesAgriculteurs mobilisés pour l’acte II et un véritable choc de #simplification afin de lever toutes les entraves qui pèsent sur l’#agriculture française.
cc… pic.twitter.com/Cta3PlpckM— La FNSEA (@FNSEA) November 25, 2024
Barrages filtrants
« Le message c’est stop aux surtranspositions, stop aux réglementations qui tuent nos métiers », a ajouté Thierry Huet. « Aujourd’hui, l’agriculture a trois problèmes essentiels : il n’y a pas de pognon, alors qu’on a eu une année catastrophique au niveau climatique, il y a la FCO (fièvre catarrhale ovine, NDLR) et les prix qui ne sont pas rémunérateurs ».
À Vierzon, dans le Cher, plusieurs dizaines d’agriculteurs ont organisé à l’appel de la Coordination rurale des barrages filtrants sur l’autoroute A20 reliant Toulouse à Paris, visant les poids lourds frigorifiques français et étrangers.
Des membres de la Coordination rurale de la Nièvre ont bloqué une centrale d’approvisionnement en produits frais des magasins Leclerc, à Avermes près de Moulins dans l’Allier, avant de lever le blocage en fin d’après-midi, selon Noël Deneuville, membre de la CR 58. Pneus et déchets ont été déversés au sol et des mannequins ont été pendus aux arbres.
En Haute-Savoie, une dizaine de tracteurs ont mené des actions de blocages de plateformes logistiques au niveau de Rumilly et Alby-sur-Chéran à l’appel de la Coordination rurale, sans bloquer la circulation, a indiqué la préfecture.
Selon Bison Futé, deux barrages filtrants ont été mis lundi en place dans le sens Toulouse-Vierzon puis au niveau de la barrière de péage A20/A71.