Des associations environnementales réclament 240 000 euros à Timac Agro
AFP le 09/11/2023 à 19:28
Des associations de défense de l'environnement ont réclamé jeudi 240 000 euros au producteur d'engrais Timac Agro, devant le tribunal judiciaire de Brest, en réparation d'un préjudice écologique dû notamment à des rejets excessifs d'ammoniac dans l'air.
L’avocat des associations, Me Thomas Dubreuil, a pointé lors d’une audience civile le « non-respect récurrent de la réglementation environnementale » sur deux sites industriels de Timac Agro : celui de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et celui de Tonnay-Charente (Charente-Maritime).
« En 2019, sur le site de Saint-Malo, on est à plus de 100 dépassements, en cumulé, de la valeur limite des émissions d’ammoniac », a pointé l’avocat de Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne, France Nature Environnement (FNE) et Nature Environnement 17. « Or, on est sur un territoire avec un enjeu particulier pour les émissions d’ammoniac », a poursuivi l’avocat, en référence aux marées vertes récurrentes en Bretagne, provoquées par le déversement dans l’eau de nitrates d’origine agricole.
Dans son usine de Tonnay-Charente, près de Rochefort, il est également reproché à Timac Agro un non-respect des conditions de stockage de potasse et une pollution des eaux de ruissellement avec du phosphate. Ces différents manquements avaient donné lieu à des mises en demeure des préfectures concernées, selon l’avocat.
« La situation est régularisée », a rétorqué l’avocate de la société, Me Gwladys Beauchet, en estimant que les associations ne démontraient pas l’existence d’un préjudice. Ce préjudice est « inexistant et purement fictif », a plaidé l’avocate, en mettant le tribunal en garde contre le « risque qu’on arrive à une course à l’indemnisation au détriment de le protection de l’environnement » si les associations obtenaient gain de cause. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 11 janvier.
Filiale du groupe Roullier, Timac Agro est également mise en cause depuis plusieurs années par des habitants de Saint-Malo qui dénoncent les « nuisances olfactives » et les rejets de son usine d’engrais et de nutrition animale. La justice avait ordonné une expertise à ce sujet en juillet 2020.
Créée en 1959 à Saint-Malo, Timac Agro emploie quelque 900 personnes et dispose de huit sites industriels répartis dans toute la France.