Des chameaux demain dans nos prairies françaises ?
TNC le 07/03/2022 à 06:01
Le lait de vache ne paie pas ? Passez au lait de chamelle ! Face au réchauffement climatique, le camélidé pourrait bien devenir un nouvel acteur du monde agricole européen.
Originaires des déserts d’Afrique du nord et d’Asie, les dromadaires et chameaux pourraient venir coloniser nos prairies françaises dans les prochaines années (et ceci n’est pas notre poisson d’avril). Un projet est notamment en place pour développer le secteur camélin en Europe, notamment pour la production laitière. Les camélidés intéressent surtout pour leur capacité à économiser les ressources.
Des animaux résistants à la sécheresse
En effet, grâce à leurs fameuses bosses remplies de graisse (et non d’eau comme on peut le croire), les dromadaires et les chameaux ont une grande capacité à puiser dans leurs réserves d’énergie lorsque les ressources alimentaires se font rare. Une aubaine face au réchauffement climatique actuel et aux périodes de sécheresse dont l’élevage européen fait face.
Les camélidés ont de faibles besoins alimentaires. Une alimentation trop riche peut même nuire à leur santé.
Dans certains pays du Maghreb déjà, des élevages de chamelles se montent. Comme en bovins, elles sont en stabulations et conduites au foin. Les populations locales consomment leur lait et leur viande et une laiterie algérienne s’est même spécialisée dans le conditionnement du lait de chamelle, avec depuis peu un atelier de transformation fromagère.
Produire du lait de chamelle
Le lait de chamelle présente une composition similaire à celui des bovins : il se situe dans les mêmes moyennes en termes de protéines et matières grasses. Sa particularité : il est plus riche en vitamines C et D et en fer. Certains le considèrent comme un tonifiant (voire aphrodisiaque mais rien n’a été prouvé scientifiquement).
0,40 €/l de lait de vache VS 10 €/l de lait de chamelle
Côté production, les élevages maghrébins oscillent entre 0,5 à 10 l/j mais les membres du projet européen affirment qu’on pourrait atteindre entre 10 et 20 l/j dans nos systèmes. Le prix du lait de chamelle est estimé à 10 €/litre et ce lait peut être transformé (comme en bovin) en produits laitiers diversifiés.
Le seul hic (et pas des moindres) : en Europe et en France notamment, les dromadaires et chameaux sont encore considérés comme des animaux de cirque. Catégorisés de la sorte dans la législation, ils ne peuvent être élevés pour la production de lait ou de viande. Ainsi, la commercialisation du lait est par exemple interdite en France à l’heure actuelle ; c’est le plus bloquant pour développer la filière. Le projet Camel Milk tente de faire évoluer les choses auprès du ministère de l’agriculture. Peut-être verra-t-on des camélidés dans nos prairies d’ici quelques années alors…