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Crise laitière post Covid-19

Des leveurs font parler la poudre (de lait) dans sept pays européens


AFP le 07/05/2020 à 18:43

« Un nuage de lait sur mon champs » : Sylvain Louis, éleveur dans les Ardennes (nord de la France) a répandu jeudi de la poudre de lait sur son exploitation, tout comme des dizaines d'autres éleveurs dans sept pays européens, pour manifester symboliquement contre la gestion de la crise laitière post Covid-19 par la Commission européenne.

« Pour répandre de la poudre de lait dans les champs, je me suis servi d’une pailleuse, normalement utilisée pour projeter de la paille pour les litières des vaches », a expliqué Sylvain Louis, joint au téléphone par l’AFP. Associé à sa femme et son fils, il élève 300 vaches laitières à Amblimont (Ardennes).

Cette « manifestation confinée » qui respectait les critères de distanciation sociale exigés par la lutte contre l’épidémie, s’est reproduite à l’identique jeudi dans des exploitations laitières en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Lituanie, au Danemark et au Luxembourg jeudi à l’appel du European Milk Board (EMB) qui fédère des éleveurs laitiers de plusieurs pays européens.

« Nous sommes opposés au stockage décidé et financé par la Commission européenne pour régler les problèmes de surproduction liés à la brusque chute de consommation après la fermeture des restaurants, cantines et les blocages des flux d’exportation depuis la mi-mars » a complété le Belge Erwin Schöpges, qui préside le EMB.

Cette formule de soutien public à l’élevage laitier déjà utilisée lors des précédentes crises, notamment en 2015, « ne profite qu’aux industriels du lait, aux traders, et aux spéculateurs, mais n’aide pas les éleveurs qui voient le prix du lait continuer de chuter », a-t-il affirmé.

La Commission européenne vient de dégager 30 millions d’euros pour autoriser et financer le stockage privé de 90 000 tonnes de poudre de lait, 140 000 tonnes de beurre et 100 000 tonnes de fromage dans les pays de l’Union touchés par les conséquences de la crise sanitaire.

« Alors que nos coûts de production sont de 40 centimes par litre, les cours du lait se sont effondrés à 27 centimes » a dit M. Schöpges, dont l’exploitation est composée de 50 vaches. « L’Europe n’apprend rien du passé, à chaque crise on recourt aux mêmes outils, et ceux qui en profitent sont ceux qui font de la spéculation sur la nourriture » a-t-il lancé. Sans revenir aux quotas laitiers jugés trop rigides, le EMB plaide pour une régulation volontaire de la production laitière par les producteurs eux-mêmes dès lors que les cours passent sous le seuil de rentabilité.