Des pistes parlementaires pour garantir « la durabilité de l’agriculture »
AFP le 09/04/2025 à 12:30
Constatant que le modèle agricole actuel « conduit au dépassement de certaines limites planétaires », l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) propose dix recommandations pour parvenir à une agriculture plus durable et une alimentation plus saine.
« Afin de garantir la durabilité de l’agriculture, la science offre des pistes prometteuses même si leur application se heurte à de nombreux obstacles », estime l’Office, à l’issue d’une audition publique destinée à dresser un « état des lieux des avancées scientifiques » susceptibles de favoriser une agriculture adaptée au changement climatique.
En premier lieu, il recommande d’« encourager le développement d’innovations technologiques »: notamment en faisant évoluer la réglementation « pour faciliter l’homologation des innovations technologiques plus respectueuses de l’environnement afin de réduire le coût et les délais de mise sur le marché des produits innovants ».
La synthèse publiée mercredi relève certaines alternatives à l’usage de pesticides, comme « la manipulation de paysages olfactifs ». Est citée une expérimentation prometteuse en cours sur la betterave sucrière qui utilise les odeurs pour brouiller les sens des insectes nuisibles.
Sont aussi citées la recherche sur « le microbiote des plantes » pour les aider à résister aux aléas climatiques ou « la génomique au service d’une plus grande résistance aux maladies » chez les bovins.
Les parlementaires plaident pour « une politique volontariste en faveur d’un système agrialimentaire durable et sain », en privilégiant « une approche systémique », en hiérarchisant et arbitrant les objectifs fixés par la Pac (politique agricole commune européenne) « sans sacrifier l’objectif de protection de l’environnement ».
Pour « déverrouiller les systèmes de production », ils invitent à « soutenir les initiatives de terrain », à renforcer le financement des programmes de recherche et à « accélérer la formation aux transitions ».
Ces recommandations découlent d’un alarmant constat des parlementaires : « les pratiques agricoles dominantes menacent la durabilité de l’agriculture ». Car si l’agriculture est la première victime du changement climatique – avec son cortège de mauvaises récoltes et de maladies animales – elle est aussi responsable de « 20,4 % des émissions françaises » de gaz à effet de serre.
A la fois victime et cause « des pertes de biodiversité » du fait de l’usage de pesticides, l’agriculture est aussi « largement responsable de la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore » du fait de sa consommation d’engrais : « Actuellement, l’excès d’azote par hectare et par an ramené aux surfaces cultivées s’élève à 48 kg au niveau mondial, alors que la limite « soutenable » est estimée à 15 kg ».