Didier Guillaume s’oppose à une zone uniforme de non traitement de 150 mètres
AFP le 05/09/2019 à 10:45
Le ministre de l'agriculture Didier Guillaume s'oppose à l'idée d'une interdiction générale de traitement par des produits phytosanitaires dans une zone uniforme de 150 mètres autour de bâtiments habités, proposée par des maires et des associations.
« 150 mètres, il n’en n’est pas question », a dit le ministre sur Europe 1 mercredi. « S’il devait y avoir des zones de non traitement de 150 mètres », (…) qui représentent l’équivalent de la longueur d’un terrain de football, selon lui, « nous serions obligés d’acheter de l’alimentation venue d’ailleurs » tellement une telle mesure réduirait les surfaces agricoles et le potentiel de production alimentaire en France, a-t-il dit. « Au 1er janvier 2020, il y a aura des zones de non-traitement mises en place là où il n’y a pas de charte de riverains » a-t-il ajouté.
Arrêtés anti-pesticides
« S’il devait y avoir des zones de non traitement de 150m autour des habitations, ça serait la plus grosse artificialisation des terres. Nos agriculture ne serait plus à même de fournir l’autonomie alimentaire »
🗣️@dguillaume26, ministre de l’Agriculture pic.twitter.com/pUuwEUFQLT
— Europe 1 📻 (@Europe1) 4 septembre 2019
Dans chaque département, riverains, élus, agriculteurs, population, associations doivent en effet se mettre autour de la table début octobre lors de l’ouverture d’une consultation publique. « S’ils tombent d’accord (sur des règles d’épandage locales, NDLR), leur charte s’appliquera, s’il n’y a pas d’accord, ce sera imposé par l’Etat », a-t-il dit, mais certainement pas 150 mètres uniforme. Un arrêté devrait voir le jour début 2020 suite à la consultation.
Des dérogations possibles
Le ministère avait laissé entendre la semaine dernière que les zones de non traitement obligatoires ne devraient pas dépasser 5 mètres autour des bâtiments, avec des dérogations possibles en cas de chartes locales, ou de situations particulières ». Ces zones pourraient être agrandies notamment près des écoles ou des captages de sources d’eau. Les agriculteurs disposant de matériel de pulvérisation de précision pourraient en revanche être éligibles à des dérogations.
Des maires de tous bords politiques ont multiplié récemment des arrêtés anti-pesticides un peu partout en France, après la suspension très médiatisée de celui du maire de Langouët en Bretagne, Daniel Cueff. Daniel Cueff a pris le 18 mai un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». Ce texte a été suspendu mardi par le tribunal administratif de Rennes.
« Ce maire a fait du buzz », a réagi mercredi la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, lors de la rentrée de la FNSEA. « Ce n’est pas de son ressort, il n’interdit pas les cigales dans sa commune, il n’interdit pas la circulation des voitures dans sa commune. Pourquoi comme ça sur les phytos ? », a-t-elle déclaré. « Moi, j’entends les lanceurs d’alerte, mais je veux des lanceurs d’alerte sérieux », a-t-elle ajouté, mettant en avant le « travail local » et la mise en place de chartes au cas par cas.
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