Donald Trump pourra-t-il conserver le vote des farmers ?
TNC le 29/10/2020 à 06:05
En 2016, les agriculteurs américains, les « farmers », avaient massivement soutenu Donald Trump. Depuis, la guerre commerciale menée contre la Chine par le président américain s'est ajoutée aux difficultés structurelles rencontrées par le secteur agricole et, en 2020, la crise sanitaire a, elle aussi, eu des répercussions économiques fortes pour l’agriculture. Malgré ces crises, Donald Trump, qui n’a pas lésiné sur les aides pour compenser les pertes financières, ne devrait pas faire les frais d’une défection majeure de la part de cet électorat agricole, traditionnellement républicain, face à son rival démocrate Joe Biden.
Après quatre ans de présidence marqués par une guerre commerciale aux conséquences économiques importantes, et une crise sanitaire qui ont aggravé leurs difficultés, les farmers américains maintiendront-ils leur confiance envers Donald Trump lors de l’élection présidentielle, le 3 novembre prochain ?
En 2016, près de 70 % des agriculteurs américains avaient voté pour le candidat républicain Donald Trump. L’Amérique rurale, qui compte 18 % de la population, est considérée comme la base même du parti républicain.
Les agriculteurs, qui représentent 2 % de la population active, mais génèrent 11 % des emplois, subissent depuis plusieurs années une crise structurelle : surproduction chronique qui a entraîné une baisse continue du revenu de la production, endettement croissant, lié à la hausse du prix des terres et à de faibles taux d’intérêts, engendrant une transmission plus difficile alors que 62 % des agriculteurs ont plus de 55 ans. L’année 2019 a de plus été marquée par une hausse notable de + 20 % des faillites chez les agriculteurs.
Des aides records liées à la guerre commerciale et au Covid-19
Premier exportateur de produits agricoles sur le marché mondial en 2018, deuxième pays producteur après la Chine, les États-Unis souffrent cependant d’une perte de compétitivité sur le marché international, notamment sur les grandes cultures. Et la guerre commerciale entamée par Donald Trump vis-à-vis de la Chine a renforcé les difficultés des farmers américains.
Ainsi, les producteurs ont subi de plein fouet les mesures de rétorsion prises par la Chine : de 10 à 12 milliard de dollars d’exportations annuelles de soja vers la Chine, n’en exportait plus que 3 milliards en 2018, cédant des parts de marché au Brésil. Autre conséquence de la politique commerciale de Trump, les droits de douane appliqués sur l’acier et l’aluminium étranger ont provoqué une flambée des prix du matériel agricole.
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Pour compenser ces pertes liées, Donald Trump s’est montré généreux sur les soutiens financiers, en particulier dans les États très agricoles du Midwest (Illinois, Indiana, Iowa, Michigan, Minnesota, Missouri, Ohio, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Nebraska, Kansas et Wisconsin), où plus de trois-quarts des électeurs avaient voté pour lui en 2016. Les aides ont ainsi atteint 8,5 milliards de dollars en 2018, et 14,3 milliards de dollars en 2019. La signature d’un accord avec la Chine, début 2020, devrait permettre à la situation de s’améliorer, l’Empire du Milieu ayant promis d’acheter 36,5 milliards de dollars de biens agricoles en 2020…
Malheureusement, les effets bénéfiques ont été contrebalancés par les répercussions de la crise sanitaire qui a privé les farmers d’un certain nombre de débouchés. Là encore, le président a compensé les pertes par des aides directes, avec 16 milliards de dollars en avril, et 14 milliards de dollars supplémentaires en septembre.
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Des farmers qui restent malgré tout fidèles à Trump
Malgré les difficultés, 82 % des farmers interrogés en août par le Farm Journal se disaient prêts à voter pour Donald Trump. Un sondage réalisé à la même période par le Progressive Farmer donnait quant à lui le chiffre de 71 %.
Le président sortant ne propose pas, en tout cas, de renouveler sa politique agricole lors d’un prochain mandat, puisqu’il entend poursuivre la politique commerciale, et continuer les baisses d’impôts et la réduction des réglementations.
Son rival démocrate promet quant à lui d’améliorer les relations commerciales mises à mal par Donald Trump, et protéger davantage les petites et moyennes exploitations qui ont le plus souffert de la crise, ainsi que favoriser l’agriculture familiale (86 % des fermes aux États-Unis). Il propose de renforcer le mécanisme de microcrédits destinés aux jeunes. Néanmoins, si Joe Biden pourra peut-être séduire une partie des agriculteurs déçus ou indécis face au bilan mitigé de Donald Trump, le vote des farmers semble toujours acquis au candidat républicain…