Droits de douanes : l’UE doit « mobiliser tous les leviers disponibles »
AFP le 11/04/2025 à 14:20
Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi que le rabaissement des droits de douane américains à 10 % était « une pause fragile » et estimé que l'Europe devait continuer de « mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger », dans un message posté sur X.
« Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts : l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires », a-t-il déclaré après l’annonce surprise de Donald Trump mercredi d’une pause dans la hausse de droits de douane, limitée à 25 % pour l’acier, l’aluminium, les automobiles, et 10 % pour les autres produits.
Il a notamment alerté sur la nécessité pour l’Union européenne de se protéger « des flux de pays tiers », en particulier la Chine, qui reste taxée au maximum, et dont l’afflux de produits pourrait « déséquilibrer notre marché ».
La suspension partielle des tarifs américains pour 90 jours est un signal et une porte ouverte à la négociation.
Mais cette pause reste fragile.
Fragile, car les droits de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile et les tarifs à 10% sur tous les autres produits…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 11, 2025
Emmanuel Macron a donc rappelé que l’objectif de la Commission européenne était « simple : négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie », car cette pause de trois mois représente « 90 jours d’incertitude pour toutes nos entreprises, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique et au delà ». « Nous avons raison de nous battre, ce sont des emplois et la vie de nos territoires qui sont ici en jeu », a encore insisté le président français.
De son côté, son Premier ministre François Bayrou s’est rendu vendredi matin à la foire aux fromages et aux vins de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour précisément apporter son soutien à des filières susceptibles d’être impactées par des droits de douane.
Une conférence sur les finances publiques
Les producteurs « ne sont pas tout seuls, le gouvernement est là pour les aider et les soutenir », a-t-il assuré après avoir participé à des dégustations aux nombreux stands de la foire.
Pour M. Bayrou, « une crise, c’est une certaine organisation du monde qui s’effondre ou qui est dans l’incertitude parce que, quand le président des États-Unis ajoute des taxes, c’est un tremblement de terre et quand le président des Etats-Unis, 48 heures après, supprime des taxes, c’est encore un tremblement de terre », a-t-il jugé.
« Surtout que, sans qu’on s’en aperçoive (…) il laisse quand même des taxes qui sont aujourd’hui tout à fait plus importantes que ce qu’elles étaient avant », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a estimé que la crise allait rendre « d’autant plus difficile » à traiter les « déséquilibres que le France traîne depuis des décennies ».
« Nous allons traiter un à un tous les problèmes qui se posent à la France », a-t-il cependant assuré en renvoyant notamment à une conférence gouvernementale sur les finances publiques qu’il tiendra mardi 15 avril.
« Mardi nous allons exposer tous les risques aux Français pour les partager avec eux », a-t-il dit. Mais il exclut d’augmenter les impôts ou de laisser filer les déficits face au probable ralentissement de la croissance, et donc des recettes fiscales, qui sera provoqué par « la guerre commerciale » déclenchée par les Etats-Unis.
« Nous sommes le pays du monde dans lequel il y a le plus d’impôts et le plus de dépenses publiques que nous finançons en effet par des prélèvements, mais aussi par du déficit, c’est à dire par de la dette et ceci n’est pas du courage », a-t-il affirmé.