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BIODIVERSITE

Effets de l’agriculture sur la biodiversité


Politique et syndicats le 26/06/2015 à 12:20
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L'agriculture et la biodiversité sont en interaction constante, la biodiversité ayant un effet, positif ou négatif, sur les activités agricoles et l’agriculture ayant un effet, considéré comme positif ou négatif, sur la biodiversité. La biodiversité est dynamique. Elle a évolué au cours du temps sous la contrainte du milieu physique, sol, eau, température puis, en plus de cette contrainte physique, sous l’action de l’homme de plus en plus prégnante au fur et à mesure de l’élargissement du monde habité.

La situation varie d’une région à une autre mais les grands phénomènes restent les mêmes, avec une différence de rapidité de mise en oeuvre, en particulier en fonction de la densité de population. En France il est possible de considérer, de durées très différentes :

– le début de l’agriculture créatrice de biodiversité tant au niveau des paysages que de la diversité des espèces ;
– l’intensification agricole de la deuxième moitié du 20e siècle et l’uniformisation des cultures et des paysages ;
– la prise de conscience du phénomène et les actions actuelles.

Ensuite, en plus des aspects généraux à l’échelle des territoires, il est intéressant de se pencher sur .

Le territoire français a été soumis au cours des différentes ères géologiques à des variations de climat très importantes, passant de climats chauds et humides à des périodes glaciaires. Le dernier maximum glaciaire a eu lieu il y a dix huit mille ans. Le climat s’est ensuite réchauffé peu à peu, permettant la recolonisation du territoire par une forêt de pins sylvestre et de bouleaux, suivie par un développement d’essences caducifoliées comme le chêne, l’orme, le tilleul, l’aulne et le noisetier, au détriment du pin et du bouleau.. Au début du néolithique on peut donc imaginer un territoire national très peu diversifié avec une couverture forestière importante, côtoyant landes et marécages. Il y a 7000 ans la surface en forêt était évaluée à 90% du territoire.

Au début les cultures se font sur abattis-brûlis en sols limoneux mais, à partir d’environ 2500 ans avant Jésus-Christ, les défrichements se développent et le travail des sols lourds peut se faire grâce à. A la fin de la période gallo-romaine on était loin de la Gaulle chevelue, les forêts n’occupant plus que 30 à 40% du territoire. L’agriculture avait donc ouvert les paysages, permettant le développement d’une nouvelle flore inféodée aux cultures et la création d’une grande diversité paysagère avec des paysages de bocages ou de champs ouverts suivant les régions et une mosaïque de cultures et de prairies.

a été un autre volet de l’action de l’agriculture sur la biodiversité et la diversité des paysages. Cette action a été plus tardive que la déforestation et a été significative au haut Moyen Âge. C’est cependant sous Henri IV que le mouvement s’est accéléré avec l’édit en faveur de l’assèchement des lacs et marais de France redéfinissant les relations entre les sociétés et les zones humides. Cette action s’est poursuivie pendant tout le 17e siècle, puis, plus localement, jusqu’au milieu du 20e siècle.

Ici encore l’agriculture a créé des paysages et des terroirs considérés encore de nos jours comme des milieux intéressants avec une biodiversité spécifique à préserver comme, par exemple, les hortillonnages d’Amiens, le marais poitevin et la Camargue.

Enfin, les zones de pâturages permettent de garder des milieux ouverts en moyenne et haute montagne et dans des régions difficiles comme les régions karstiques du quart sud-ouest de la France.

, inexistante dans les systèmes primaires préagricoles.

Jusqu’en 1950, l’agriculture était cependant peu productive et avait beaucoup de mal à répondre à la demande alimentaire du pays. L’augmentation de la production se faisait essentiellement aux dépens des zones forestières. La « modernisation » de l’agriculture a pris son essor dans la deuxième moitié du 20e siècle, correspondant à un pour permettre à la France de sortir du contexte de pénurie et de dépendance alimentaire de l’après-guerre.

Le côté positif de cette évolution est que la France, non seulement est devenue en quelques décennies auto-suffisante mais qu’elle est aujourd’hui une puissance agricole majeure et que les produits agroalimentaires représentent son deuxième secteur d’exportation dont elle a bien besoin pour diminuer le déséquilibre de sa balance commerciale.

Cependant, pour atteindre cet objectif, en plus de l’intensification de l’usage des intrants et des variétés améliorées,avec le remembrement de 15 millions d’hectares pour permettre l’augmentation de la surface parcellaire favorisant la mécanisation, la division du linéaire de haies par trois, la suppression de nombreux fossés. La spécialisation des productions a également provoqué une diminution sensible des espèces cultivées et la disparition de 5 millions d’hectares de surfaces fourragères.

Il faut aussi noter que l’accroissement de la productivité à l’hectare a permis une augmentation de la surface en forêt, avec une (mais est-ce vraiment un bien pour la biodiversité et la diversité paysagère ?). L’intensification de l’agriculture au cours de la seconde moitié du 20e siècle a permis d’atteindre les objectifs politiques d’augmentation de la production. Elle a eu aussi pour conséquence une uniformisation des paysages et de la biodiversité.

Alors même que l’intensification se mettait en place, dès le milieu des années 1960, des lanceurs d’alertes, comme Rachel Carlson en 1963 et Jean Dorst en 1965, soulignaient sur les risques encourus. Le débat sur la biodiversité s’amplifiait dans les années 1980 avec un point fort en 1992, année de la conférence de Rio sur le développement et l’environnement..

A un échelon encore modeste mais ayant cependant un effet notoire, les agriculteurs ont replanté des haies et aménagé les bordures de champs, soit entre parcelles elles-mêmes, soit en limite de cours d’eau. Ces espaces, bien que de surface réduite, ont un effet important à la fois sur la diversité paysagère et sur la flore herbacée naturelle et certaines espèces comme les carabes pour lesquelles ils représentent un milieu vital.

Il faut cependant aller plus loin. L’intensification de l’agriculture de l’immédiat après-guerre a été le fait d’une décision politique nationale et communautaire.

La simplification des systèmes de culture, la déprise des prairies naturelles sont en grande partie dues à la structure des aides de la Politique agricole commune (PAC). C’est pour cela que les du second pilier de la Politique agricole commune ont été mises en place et plus particulièrement au niveau national la prime herbagère et les mesures environnementales rotationnelles. Ces mesures commencent à porter leurs fruits et doivent être poursuivies.

Enfin dans le cas de la mise en oeuvre de mesures compensatoires. La notion de compensation écologique date de la Convention internationale sur les zones humides de 1971 (Convention Ramsar). Son extension s’est faite régulièrement et, aujourd’hui, les mesures compensatoires de destruction de biodiversité s’appliquent à tous les projets d’aménagements.

Les agriculteurs peuvent être partie prenante de cette activité. Depuis les années 1970 la prise de conscience de l’importance de la biodiversité, y compris la diversité paysagère, a conduit à de nombreuses actions en agriculture. Celles-ci peuvent être mises en oeuvre de façon simple au niveau de l’exploitation agricole. Cependant par le biais des MAE.

L’objectif de l’agriculteur étant d’avoir un champ propre c’est-à-dire aussi bien désherbé que possible, de toute évidence la biodiversité au niveau d’une parcelle cultivée est moindre que dans les bordures de champ et les prairies. De même laprovoque une diminution de la biodiversité. Ce phénomène n’est cependant pas modifiable si l’on veut maintenir un agriculture productive. C’est la raison pour laquelle il faut favoriser les zones refuges, les bordures enherbées, les haies…

Pour augmente la biodiversité dans une parcelle agricole il est possible de faire des cultures associées mais cette technique à des limites tant en ce qui concerne le nombre d’espèces possibles qu’en ce qui concerne les techniques à mettre en oeuvre et les possibilités de marchés. L’évolution de l’agriculture dans la deuxième moitié du 20ie siècle à donc conduit, à une diminution importante des espèces cultivées.

La question qui se pose est de savoir si, pour les cultures principales que sont le blé, le maïs, l’orge et le colza, il y a eu, à l’intérieur des espèces, une perte de diversité génétique. Les indicateurs généalogiques et ceux fondés sur les marqueurs moléculaires, qui sont les plus pertinents, montrent qu’, en particulier lors de changement de techniques ou d’idéotypes variétaux, .

De plus, après des changements de techniques culturales ou d’idéotypes variétaux, la diversité génétique perdue a été récupérée après quelques années. Ceci est dû en grande partie à l’extension du pool génétique disponible pour les travaux d’amélioration des plantes, que ce soit du matériel élite, du matériel exotique ou des espèces sauvages apparentées.

Il faut donc veiller à ne pas imposer des contraintes trop fortes, tant sur les plans national qu’international, à l’accès et au mouvement de ces ressources génétiques. L’objectif de l’agriculteur étant d’avoir des parcelles propres pour éviter la compétition avec les « mauvaises herbes », la diversité biologique au niveau de la parcelle cultivée est plus faible que dans les parties non cultivées. Cependant, , il n’y a pas eu de perte de diversité génétique des principales espèces cultivées.

L’agriculture à créé de la biodiversité et de la diversité des paysages depuis le développement de l’agriculture au néolithique jusqu’à la première moitié du 20e siècle. L’intensification qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, résultant d’une décision politique en faveur de l’autosuffisance alimentaire, a provoqué une diminution de cette diversité.

Cependant, depuis les années 1980,. Des actions ponctuelles au niveau de l’exploitation agricole ont déjà des effets positifs. Il faudra cependant de nouvelles décisions politiques fortes pour amplifier le phénomène. Du fait de l’importance des travaux publics et privés en amélioration des plantes il n’y a pas eu de perte de diversité génétique des principales espèces cultivées.

La biodiversité doit être reconnue comme un bien précieux, mais complexe et encore insuffisamment connu. . Cependant, si un encadrement juridique est mis en place, il doit veiller à être clair dans ses objectifs.

Les règles applicables aux activités économiques doivent pouvoir s’adapter aux connaissances nouvelles sans être source d’instabilité permanente pour les acteurs économiques. Il est en particulier important de tenir compte du fait que la biodiversité est évolutive et en interaction constante avec les activités agricoles.