En 2020/2021, la demande chinoise a boosté les prix
TNC le 30/06/2021 à 10:15
La flambée des prix agricoles de ces derniers mois est surtout causée par le boom des importations chinoises, estime l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.
L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) a tenu ses entretiens annuels le 23 juin en webinaire, l’occasion pour son président Philippe Chalmin de dresser un état des lieux des marchés agricoles mondiaux.
Évoquant la crise économique qui a accompagné la crise sanitaire comme « la pire crise depuis les années 30 », l’économiste décrit ainsi la reprise actuelle : « une euphorie totale », marquée par un surcroit de la consommation et de la demande, et une flambée des prix agricoles, qui n’ont jamais été aussi élevés depuis 2012. Une reprise marquée aussi par une asymétrie notable : « la Chine a redécollé au début de l’été 2020, avant le reste du monde », suivie à l’automne par les USA.
De fait, les cours des produits agricoles ont augmenté entre mai 2020 et mai 2021 à l’échelle mondiale : + 10 % en viandes (bœuf, porc, ovins), + 28 % en produits laitiers, + 28 % en blés, + 34 % en sucres, + 73 % en soja… « Le plus spectaculaire, c’est le maïs, les prix sont passé de moins de trois dollars le boisseau mi-2020 à quasiment sept aujourd’hui ! ».
Philippe Chalmin donne plusieurs facteurs pour expliquer cette flambée qu’il qualifie de « choc » : quelques problèmes climatiques, l’épidémie de peste porcine africaine, la mise en place de taxes à l’exportation, des tensions géopolitiques… Mais pour lui, l’explication majeure, « c’est la Chine ! ». L’Empire du Milieu est devenu cette année – et c’est nouveau – le premier importateur mondial de produits agricoles (grains, viandes, sucres) et agroalimentaires : « La Chine approche actuellement le poids de l’URSS sur le marché mondial au moment de l’embargo céréalier des USA dans les années 80 », commente-t-il.
En deux campagnes, les importations céréalières de la Chine ont été multipliées par deux : 55 millions de tonnes en 2020/2021 contre 24 en 2019/2020. « Le blé a doublé, le maïs a presque quadruplé… Personne ne l’avait prévu ! », explique le président de l’Observatoire. Les importations d’ oléagineux aussi ont augmenté : 105 millions de tonnes contre 101 lors de la dernière campagne.
Le marché s’enflamme !
— Céréfi (@cerefi_grains) September 18, 2020
La Chine laisse inchangée son contingent d’importation en blé (9.64 MT) et en maïs (7.2 MT) pour 2021
Cette annonce se fait avec une Chine aux achats et un souhait de respecter l’accord commercial de phase 1 avec les Etats-Unis- 33 Mds en 2020 et 40 en 2021 pic.twitter.com/MupSWKDr7z
Dès lors, comment se présente la campagne 2021-2022 ? Pour Philippe Chalmin, on devrait s’attendre à une détente des prix sur les grains, sauf en cas d’accident climatique majeur. « Les perspectives de récolte sont bonnes, mais la situation restera tendue sur le maïs », ajoute-t-il.
Divers facteurs pourraient jouer sur les cours, comme les accords économiques transnationaux, les questions géopolitiques, la politique de l’administration Biden, les choix de l’Europe en matière de politique agricole, etc.
Mais « la grande inconnue restera le niveau des importations de la Chine en céréales, en viandes et en poudre de lait ». Une inconnue d’autant plus grande que « la politique agricole chinoise reste très mystérieuse. On sait qu’il y a des stocks colossaux et à côté des marchés très volatils où l’inflation joue un rôle important ».
L’autre interrogation concerne la production porcine chinoise : « Quand va-t-elle revenir à la normale, et sous quelle forme ? La Chine sera-t-elle un jour à nouveau autosuffisante en porc ? Cela pourrait avoir un impact terrible sur la filière porcine européenne… ».
Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.