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En congrès et sur le terrain, la Coordination rurale passe à l’offensive


TNC le 20/11/2024 à 16:52
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Congrès de la Coordination rurale à Poitiers le 20 novembre : au centre, le philosophe Michel Onfray, et Véronique le Floc'h, (deuxième à sa droite). (© TNC)

À la différence de la FNSEA, qui se défend d’être d’ores et déjà en campagne pour les élections aux Chambres d’agriculture, la Coordination rurale ne cache pas ses ambitions. Le syndicat, dont les mobilisations des derniers jours prennent une tournure plus virulente que celles de son rival majoritaire, a galvanisé ses troupes à l’occasion de son congrès à Poitiers, le 20 novembre.

Dans la Vienne, où elle détient la chambre d’agriculture, la Coordination rurale a martelé sa vision et ses attentes à grand renfort de vocabulaire guerrier, deux mois avant les élections professionnelles. Si « l’heure est grave » pour l’agriculture, pour Véronique Le Floc’h, présidente du syndicat, « nous n’allons pas mourir sans tirer nos dernières cartouches ». Une atmosphère combative renforcée par la musique, qu’il s’agisse du chant à la victoire du syndicat pour illustrer les mobilisations de l’hiver dernier, ou de la bande originale de Rocky, précédant le discours de clôture.

Des actes concrets demandés par les manifestants

Ce combat se joue d’abord sur le terrain, à travers des mobilisations « devant les centrales d’achat, dans les ports, aux frontières et sur les routes », afin d’obtenir des réponses politiques. La liste des mesures demandées par la Coordination rurale commence par « l’exception agriculturelle », qui doit préserver les agriculteurs des conséquences néfastes de la mondialisation. « S’il le faut, nous monterons jusqu’à l’Elysée », affirme Véronique Le Floc’h.

« Nous attendons des actes concrets », insiste Véronique Le Floc’h, pour qui l’annonce du contrôle unique ne suffit pas. Tout comme la promesse de prêts de trésorerie à taux bonifiés que les agriculteurs trop en difficulté ne pourront de toute façon jamais rembourser.

Et pour enfin vivre « des prix et pas des primes », une refonte de la loi Égalim avec une transparence plus grande des industriels doit permettre une répartition plus équitable de la valeur.

Souveraineté et protectionnisme

Le syndicat demande en parallèle une régulation de la production, notamment à travers le programme de responsabilisation face au marché, porté par l’European Milk Board dont la CR est membre, et prône une TVA sociale sur les produits agroalimentaires, afin de « solidifier notre protection sociale », explique sa présidente.

Alors que l’opposition au traité UE/Mercosur rassemble tous les agriculteurs, la Coordination rurale demande une plus grande protection de la production agricole française, sur laquelle s’appliquent parfois des normes plus strictes qu’aux autres pays d’Europe.

« Il faut arrêter de croire que le protectionnisme est une mauvaise chose pour sauver les paysans », « le protectionnisme pour les intellectuels, le prix unique du livre, les aides pour le cinéma français, ça ne pose pas de problème », abonde de son côté Michel Onfray. Invité à débattre au congrès du syndicat, le philosophe a par ailleurs écrit un livre d’entretiens avec Véronique le Floc’h, intitulé « Entendez-vous dans nos campagnes » – une référence de plus, s’il en fallait, au champ lexical du combat.

L’essayiste conseille d’ailleurs à la CR d’aller plus loin que les simples dégradations, déplorées par la ministre de l’agriculture, quitte à paralyser le pays. Car sinon, estime-t-il, le gouvernement n’a aucune raison de tenir sa parole. « J’ai failli pleurer quand j’ai vu que vous avez pu croire aux promesses d’Attal », ajoute-t-il.

« Reprendre le pouvoir » aux élections chambres

Au-delà des politiques à « faire plier », il faudra « reprendre le pouvoir partout où il a été volé aux agriculteurs avec la caution de la FNSEA (…), dans toutes les instances où nos intérêts doivent être défendus », estime la Coordination rurale. « La cogestion a perverti certains de nos propres outils à nos dépends », déplore ainsi Véronique le Floc’h, visant par exemple les coopératives.

Seule solution : prendre la tête des chambres d’agriculture en janvier prochain. La bataille est loin d’être gagnée, mais « malgré tout, j’ai confiance », assure Véronique le Floc’h, qui compte sur les représentants du syndicat dans les départements, « les états-majors de la CR », pour rallier à leur cause les agriculteurs en colère.