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Face à l’augmentation des pluies, des solutions pour l’agriculture ?


TNC le 22/10/2024 à 10:57
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L'abondance inhabituelle des pluies met aujourd'hui l'agriculture sous pression. (© Adobe Stock)

L’association Conséquences revient, dans un dossier récemment publié, sur les conséquences des chocs climatiques à répétition pour l’agriculture, à travers les témoignages d’agriculteurs. Si la sécheresse, ou l’augmentation des épisodes et des quantités de pluies, pourraient perturber les semis et les récoltes de façon récurrente, quelles perspectives s’offrent encore aux agriculteurs ?

Alors que les champs sont encore inondés suite au passage de la tempête Kirk, l’association Conséquences – qui a pour but d’« augmenter la prise de conscience, la priorisation des enjeux climatiques et de favoriser le passage à l’action des publics visés en partant du terrain, d’études, de rapports, ou de témoignages » – interroge les possibilités d’adaptation des agriculteurs aux chocs climatiques.

Selon les travaux de l’organisation scientifique Climametter, le changement climatique lié aux activités humaines est responsable d’une augmentation de 20 % de la quantité de pluies. « Pour chaque degré Celsius en plus, on observera 7 % d’évaporation supplémentaires dans les mers et océans, ce qui se traduit par une augmentation de l’eau précipitable sur les terres émergées », rappelle Conséquences, qui cite le dernier rapport du Giec.

Une situation inédite pour les travaux des champs

Pour les agriculteurs, ce surplus d’eau s’avère catastrophique. Après la mauvaise récolte de l’été, les dernières pluies empêchent de récolter le tournesol ou le maïs, et ne permettent pas non plus de semer. Avec, pour conséquence, le report sur d’autres variétés ou d’autres cultures, souvent moins optimales que celles initialement prévues. Interrogé par Conséquences, Didier Barbarit, agriculteur en Loire-Atlantique, a par exemple renoncé cette année à semer du lupin.

Autre conséquence du changement climatique : cette année, le gel n’a pas été suffisant pour détruire certains champignons pendant l’hiver, et l’humidité supérieure à la moyenne a contribué au développement de maladies, comme la rouille brune.

Des solutions coûteuses et imparfaites

L’association Conséquences passe en revue les différentes solutions qui peuvent être mises en œuvre, en parallèle d’une assurance récolte jugée peu efficace, entre une moyenne olympique en baisse constante, l’absence d’indemnisation en dessous de 25 % de pertes, et certaines cultures qui n’entrent pas dans le cadre du dispositif.

Le séchage, l’irrigation ou le drainage des sols permettent également d’améliorer les rendements, mais ces solutions nécessitent des investissements, à la fois contre le manque d’eau et son excès, « alors que la rémunération n’est pas là », note Conséquences.

Miser sur la diversification

Pour l’association, c’est surtout la diversification des cultures qui permet de mieux absorber les chocs. Il s’agit d’enrichir le sol, avec « toutes méthodes qui améliorent la pénétration de l’eau dans les sols quand elle est en excès et leur capacité à la garder, ou la maintiennent sur place quand elle manque », estime l’association.

La démarche nécessite néanmoins du temps et de l’expérimentation, donc des marges de manœuvre possibles que si l’on dégage un minimum de revenu, comme en témoigne Olivier Chaloche, agriculteur dans le Loiret, interviewé par Conséquences : « La meilleure façon de s’adapter, c’est la diversification et la rotation : avec mes 15 cultures, je réussis quand même à compenser les pertes. On est en réflexion permanente sur nos assolements, c’est notre métier, mais on doit maintenant gérer avec une imprévisibilité climatique permanente. On nous dit de changer de cultures : mais ça ne se fait pas en un claquement de doigt. Ça nécessite une nouvelle expertise, de l’expérimentation, des filières. Pour s’adapter au changement climatique, on a besoin de marges de manœuvre qu’on n’a plus du tout aujourd’hui. Nous sommes seuls, mal rémunérés. Il faut aller chercher les marges de manœuvre dans les filières économiques. Sinon, on n’y arrivera pas. »