Face au ras-le-bol agricole, les propositions du Modef toujours d’actualité
TNC le 24/04/2025 à 11:54
Malgré des résultats décevants aux dernières élections des chambres d’agriculture, le Modef entend bien mettre en avant ses idées pour défendre, avant tout, le revenu des agriculteurs. Réuni en congrès les 24 et 25 avril, le cinquième syndicat agricole va débattre de ses propositions pour des prix rémunérateurs, mais aussi de l’accès au foncier, de l’installation ou encore de la Pac.
Avec 1,48 % des suffrages recueillis sur le collège 1, le Modef s’avoue « un peu déçu » par les résultats des dernières élections aux chambres d’agriculture, mais également par le taux de participation, inférieur à 50 %. Et « ceux qui sont allés voter ont mis un grand coup de pied dans la fourmilière car la politique agricole ne correspond pas à leurs attentes », déplore ainsi Frédéric Mazer, co-président du Modef, à la veille du congrès du syndicat.
« On n’est qu’aux prémices de ce grand ras-le-bol, il va falloir que le Modef soit présent pour arriver avec des idées, des propositions, contrairement à d’autres syndicats. Car ça va bien les cris d’orfraie, mais il faut bien au bout d’un moment proposer des idées », ajoute l’éleveur. Des propositions qui seront d’ailleurs discutées pendant le congrès qui se tient en ce moment à Sauclières (Aveyron).
Prix minimum, moratoire sur l’endettement, garantie fermage
Car pour le Modef, aucune réelle réponse n’a été apportée à la crise agricole. Face à des trésoreries au plus bas et un endettement très élevé, le syndicat rappelle l’actualité de sa proposition de « prix minimum garantis par l’État », mais demande également la mise en place d’un moratoire sur l’endettement passif des paysans en difficulté.
Le syndicat met également en avant la nécessité d’une garantie sur le statut du fermage, pour faciliter la mise à bail aux nouveaux paysans, et compte mettre en débat l’idée d’un fonds public de garantie des fermages. Pour favoriser l’installation, la création de prêts fonciers à 1 % est également proposée.
Revoir la Pac
Ces mesures vont de pair avec la nécessité de repenser la politique agricole commune. « Si on continue avec la Pac telle qu’elle a été faite jusque-là, la dégringolade du nombre d’agriculteurs va continuer », déplore Frédéric Mazer, dénonçant un système de primes à la surface qui « offre une possibilité aux gros de s’agrandir au détriment des petits qui ont du mal à s’installer ». Face à cela, les possibilités sont multiples : aide à l’actif, compenser la diminution d’une aide à la surface par des aides couplées… Avec, pour le moment, une inquiétude forte sur la possibilité que le budget de la Pac soit assimilé au budget général au lieu de rester un budget à part.
Autant de sujets qui seront abordés avec un objectif général pour le syndicat : « définir notre politique face à un certain nombre de problématiques agricoles, mais aussi françaises et sociétales », explique Pierre Thomas, co-président du Modef. Car la diminution importante du nombre d’agriculteurs s’inscrit dans un contexte plus large de souveraineté alimentaire, et de définition de la place de l’agriculteur dans la société, en lien avec un réchauffement climatique « qui nous oblige à changer notre façon de travailler », précise Pierre Thomas, qui prédit « deux jours de débat intense ».