Accéder au contenu principal

Face aux périls de l’inaction, appel à considérer l’eau comme un « bien commun »


AFP le 17/10/2024 à 12:09

Des experts de renommée mondiale appellent à considérer le cycle de l'eau comme un « bien commun mondial » face aux conclusions d'un rapport qui prédit, si rien n'est fait, une chute de 8 % du PIB en moyenne pour les pays à hauts revenus en 2050.

Publié jeudi, ce rapport de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau (GCEW), coprésidée par des figures comme la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce Ngozi Okonjo-Iweala, l’économiste Mariana Mazzucato ou le spécialiste du climat Johan Rockström, conclut également que la crise de l’eau met en péril la moitié de la production alimentaire.

« Le monde est confronté à un désastre hydrique croissant », « pour la première fois dans l’histoire humaine, le cycle hydrologique est en déséquilibre, sapant un avenir équitable et durable pour tous », écrit la commission. Plaidant pour une « nouvelle économie de l’eau », elle appelle à reconnaître le cycle hydrique comme un « bien commun mondial » et à « transformer la gouvernance de l’eau à tous les niveaux ».

Face à l’ampleur de la tâche, la commission fait valoir que les « coûts » des mesures à prendre sont « très réduits comparés aux dégâts que l’inaction infligera aux économies et à l’Humanité ».

Les auteurs citent la menace d’une réduction de 23 % de la production mondiale de céréales. Sous les effets notamment de la modification des pluies, de la hausse des températures issue du réchauffement climatique, du déclin du stockage de l’eau et du manque d’accès à l’eau propre, les pays à hauts revenus verraient leur PIB chuter en moyenne de 8 % d’ici 2050. Un niveau qui grimperait à 10 à 15 % pour les pays à faibles revenus.

Le défi est d’autant plus grand que ce rapport estime qu’un minimum quotidien de 4 000 litres d’eau par personne est nécessaire (50 à 100 litres pour les besoins essentiels en matière d’hygiène et de santé).

La commission souligne que l’eau est souvent perçue comme « un don de la nature abondant » alors qu’elle est en réalité « rare » et « coûteuse » à acheminer. Elle appelle à éradiquer les « subventions néfastes » aux secteurs gourmands en eau au profit de solutions économes au service des plus pauvres et des plus vulnérables.

« Nous devons coupler le prix de l’eau à des subventions appropriées », a déclaré la patronne de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, lors d’un briefing en ligne, appelant à identifier les populations pauvres qui en ont « vraiment besoin ».

Le président singapourien Tharman Shanmugaratnam a quant à lui insisté sur la nécessité de voir l’eau comme un problème mondial et d’« innover et investir à grande échelle pour résoudre cette crise » et « stabiliser le cycle hydrologique mondial ».