Fini « l’opulence », le Salon de l’agriculture fait la chasse au gaspi
AFP le 01/03/2025 à 10:50
« C'est moins l'opulence » : trois camions des Banques alimentaires collecteront dimanche, avant la fermeture du Salon de l'agriculture à Paris, les tonnes de produits que les exposants, davantage sensibilisés au gaspillage alimentaire, se sont engagés à leur donner.
Les ananas, tomates et cèleris en branche qui composent, sur plusieurs mètres de haut, l’incontournable « Tour FL » (pour fruits et légumes) du Salon finiront ces prochains jours dans les assiettes de personnes en difficulté de la région parisienne.
L’Interfel, organisation interprofessionnelle de la filière fruits et légumes, en fait don chaque année aux Banques alimentaires, une façon d’appliquer elle-même le message « anti-gaspi » qu’elle tente de faire passer aux visiteurs de son immense stand du pavillon 2.
« On fait un gros travail de pédagogie auprès du grand public », explique Lise Jacob, directrice de communication d’Interfel. « Parce qu’il y a pas mal de gaspillage à la maison sur ces produits frais qui ne portent pas sur eux de date limite de consommation ».
La lutte contre le gaspillage est aussi de plus en plus présente dans les allées de la « plus grande ferme de France », qu’une vingtaine de gilets oranges des Banques alimentaires arpentent depuis le premier jour pour recueillir des promesses de dons.
« Quand tu te présentes sur un stand avec le gilet des Banques alimentaires et le sourire, l’accueil est toujours bon », raconte Jean-Marc Daubier, un bénévole. « Et même si certains disent non, ce que l’on peut comprendre, tout le monde est sensible au sujet ».
« Les exposants rationalisent davantage leurs produits et les dégustations sur leurs stands », confirme Valérie Le Roy, directrice du Salon. « Ils se disaient avant il vaut mieux en avoir beaucoup et on verra après. C’est moins l’opulence aujourd’hui ».
« Même un pot de confiture »
Tous les exposants reçoivent dès leur inscription à l’événement un prospectus leur rappelant la liste des produits récupérables (fruits et légumes, lait et produits laitiers, épicerie sèche, conserves…) ou non (alcool, abats, pâtisseries…).
Les Banques alimentaires sollicitent en premier lieu les gros donateurs des années précédentes, souvent des grandes entreprises, de la distribution ou de l’industrie laitière, mais aussi les plus petits producteurs.
Ces derniers « donnent surtout quand ils n’arrivent pas à tout vendre », note Anne-Caroline Mouton, une autre bénévole en gilet orange. « Ils peuvent aussi faire un geste symboliquement, même un pot de confiture peut compter ».
Les Banques alimentaires avaient récupéré 15 tonnes de produits l’an dernier, soit l’équivalent d’environ 30 000 repas. Elles en attendent un peu moins cette année en l’absence du Salon du fromage, organisé une fois sur deux seulement.
Les denrées collectées sont acheminées dans leurs deux entrepôts d’Ile-de-France, à Gennevilliers et Arcueil, puis distribuées localement dès le lendemain à des personnes en situation de précarité, via leur réseau de partenaires (associations, centres communaux d’action sociale…).
« On ne peut pas ne pas être là », estime Stéphanie Ferey, une responsable des Banques alimentaires, qui sont accueillies depuis des années au Salon sur le stand de la FNSEA, le principal syndicat agricole.
« Ca se passe extrêmement bien, on est très proche du milieu agricole », ajoute-t-elle. « Les agriculteurs connaissent bien les Banques alimentaires et ça leur tient à coeur évidemment ».
Les bénéficiaires des Banques alimentaires d’Ile-de-France devraient avoir la semaine prochaine un peu plus de fruits et légumes frais et de produits laitiers qu’à l’accoutumée.
Presque aussi bien qu’après la période des fêtes de fin d’année, quand les grandes surfaces se séparent de leurs excédents de foie gras, de saumon ou de chocolat.