Grippe aviaire : la France de nouveau « indemne »
AFP le 06/02/2025 à 15:30
La France a été épargnée cette saison par une flambée de la grippe aviaire dans les élevages mais les autorités sanitaires, humaines et animales, sont « pleinement mobilisées » face à sa diffusion sur le continent américain, avec des cas de transmissions à l'homme dont un décès.
Aucun nouveau foyer d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) n’a été détecté sur le dernier mois dans les élevages nationaux, ce qui a permis au pays de retrouver un statut « indemne » et offre des perspectives plus favorables pour les exportations, a annoncé jeudi la Direction générale de l’alimentation (DGA).
Mais ce statut est indépendant du niveau de risque, « à son plus haut niveau » depuis le 8 novembre et associé notamment à un confinement des volailles.
En Europe, le virus d’influenza aviaire a été détecté dans 28 pays depuis août 2024, selon le dernier bulletin de la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale.
L’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a alerté jeudi, lors d’une conférence de presse commune avec la Direction générale de la santé (DGS), la DGA et Santé publique France, sur des risques liés à la remontée des oiseaux migrateurs face au « peu d’informations » sur les contaminations dans les pays du Sud, même si « cette migration remontante est généralement beaucoup moins contaminante que la migration descendante ».
Mais l’inquiétude vient surtout des Etats-Unis avec une situation sanitaire « inédite », selon la DGS : 67 cas de transmission à l’homme, dont un décès, et une « circulation intense » dans les élevages bovins (16 Etats concernés), originellement « pas réputés sensibles aux virus influenza aviaires », a fait savoir l’Anses.
Aucun vaccin n’est actuellement disponible pour les bovins, selon l’Anses, mais certains sont en développement.
Il est cependant difficile, a précisé l’agence, de prédire « l’efficacité potentielle sur l’excrétion virale dans le lait », ce qui est d’autant plus important que « des contaminations par les gouttelettes au moment de la traite ou par le contact avec le lait cru » sont intervenues aux Etats-Unis.
Préparation à une « pandémie potentielle »
Pour les humains, si le risque reste jugé « faible » pour la population générale et « faible à modéré » pour les personnes exposées à des animaux ou à un environnement infecté, « la nouvelle situation de transmission des virus influenza aviaire nous incite à renforcer notre préparation à l’émergence d’une éventuelle souche qui aurait une capacité de transmission interhumaine », souligne la DGS.
Jusqu’alors, aucun cas humain n’a été détecté en France. La soixantaine de cas humains enregistrés aux Etats-Unis, dont un premier décès début janvier, ont été causés par une exposition directe à un animal. Et l’Organisation mondiale de la santé précise qu’aucune transmission entre humains n’a été enregistrée pour l’instant.
Mais « tous les pays se préparent à une pandémie potentielle », note Santé publique France. En France, « nous avons les moyens de la réponse », assure la DGS : constitution en cours d’un stock de vaccins, préservation de vaccins au niveau européen, stock d’antiviraux et de masques, etc.
La DGS sensibilisera aussi les professionnels et établissements de santé « dans les prochaines heures », par un document, « au diagnostic, à l’évaluation du risque et aux conduites à tenir » face à un cas suspect, notamment les tests RT-PCR.
Côté animal, la stratégie s’appuie sur les mesures de biosécurité (désinfection des bottes, lavage des mains, masques et lunettes, etc.), la vaccination des canards et la surveillance dans les élevages mais aussi de la faune sauvage.
Idem chez les humains, avec des campagnes de dépistage dès qu’un foyer est détecté, la promotion des vaccins contre la grippe saisonnière, surtout pour les éleveurs, et un appel à ne pas manipuler un animal sauvage malade ou à ramasser un cadavre.
La grippe aviaire A (H5N1) est apparue en 1996 en Chine, mais, depuis 2020, le nombre de foyers chez les oiseaux a bondi, un nombre croissant d’espèces de mammifères a été touché et des régions du monde jusqu’alors épargnées, comme l’Antarctique.
La France l’a surtout été de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Le pays a euthanasié des dizaines de millions de volailles ces dernières années. Les pertes économiques se chiffrent en milliards d’euros.
Pour casser cette spirale, le gouvernement a rendu obligatoire depuis l’automne 2023 la vaccination dans les élevages supérieurs à 250 canards.