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La Confédération paysanne « va créer la surprise » aux élections chambres


TNC le 08/01/2025 à 16:56
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Thomas Gibert (à gauche) et Laurence Marandola (au centre), au siège de la Confédération paysanne, le 8 janvier. (© TNC)

Forte d’un nombre d’adhérents en augmentation, et d’un contexte qui met en avant les thématiques qu’elle porte depuis des années, la Conf’entend bien gagner du terrain lors des élections professionnelles agricoles et asseoir sa représentativité.

Pour le troisième syndicat agricole français, le duel annoncé entre la Coordination rurale et le duo FNSEA/JA n’aura pas lieu. « On va créer la surprise, tout l’indique », explique Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, ce 8 janvier. Car entre le syndicat majoritaire responsable « d’un bilan catastrophique » à la tête des chambres d’agriculture, dans un contexte de crise agricole qui perdure, et son rival « qui s’agite beaucoup mais présente très peu de propositions derrière », le modèle défendu reste « fondamentalement très proche », explique Laurence Marandola.

« La seule vraie alternative, c’est la Confédération paysanne », insiste la porte-parole. Avec un nombre d’adhérents en progression de près de 20 % ces deux dernières années, le syndicat présente des listes partout dans le collège 1, celui des exploitants agricoles. Et surtout, « les sujets et les propositions historiques de la Confédération paysanne correspondent aux défis et aux enjeux d’aujourd’hui », souligne Laurence Marandola, rappelant l’engagement sur les questions de souveraineté alimentaire, la dénonciation des accords de libre-échange, ou encore sur la problématique du revenu.

Un projet qui répond « à l’intérêt général des agriculteurs »

« Les revenus, les droits sociaux, ces sujets parlent à 95 % des agriculteurs », poursuit Laurence Marandola. « Croire que l’on va gagner en abaissant les normes environnementales et sociales, c’est se mettre le doigt dans l’œil, et c’est mortifère car qui applique les pesticides dans les champs ? Qui sont les premiers touchés par les aléas climatiques ? Les paysans et les paysannes », ajoute Thomas Gibert, maraîcher en Haute-Vienne et secrétaire national du syndicat.

Si la Confédération paysanne porte depuis toujours un projet de transition du modèle agricole, le rapport du Shift Project montre que 83 % des agriculteurs sont prêts à réaliser cette transition, explique-t-il. Mais cette transition doit être soutenue, notamment face au réchauffement climatique. Le syndicat défend ainsi un fonds mutuel social et solidaire, auquel tous les agriculteurs pourraient avoir accès, à la place d’une assurance récolte réformée qui ne bénéficie aujourd’hui qu’à 18 % d’entre eux.

Parmi les combats du syndicat figure le prix minimum garanti rémunérateur, c’est-à-dire incluant les charges de production, le revenu, et les cotisations sociales. Un prix minimum qu’il faut imposer « à la grande distribution et à l’agro-industrie », mais qui ne fait pas tout. « Il faut aussi sortir des accords de libre-échange », ajoute Thomas Gibert.

Gagner une dizaine de chambres

L’ambition de la Conf’ pour ce scrutin est donc clairement affiché. Il s’agit d’être représentatif dans tous les départements (c’est-à-dire dépasser les 10 %, ce qui permet de siéger dans les instances agricoles), ce qui n’est aujourd’hui pas le cas dans 8 départements. Le syndicat veut également multiplier par deux le nombre de départements où il est arrivé premier en nombre de voix (une fois divisées entre FNSEA et JA les voix recueillies par leur liste d’union), ce qui est actuellement le cas en Loire-Atlantique, Ardèche, Ariège, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Rhône, l’Orne, la Réunion et Mayotte. Enfin, « on a l’ambition de gagner une dizaine de chambres », indique Laurence Marandola, qui cite Mayotte, la Réunion, la Guyane, la Loire-Atlantique, l’Ariège ou encore l’Ardèche. « En 2019, on avait 10 000 adhérents, on a eu 40 000 voix », ajoute-t-elle.

La Conf’ s’inquiète cependant du processus électoral en lui-même, notamment de l’opacité du choix du prestataire pour le vote électronique, dont les tests étaient défaillants ces derniers jours, explique le syndicat, et craint également que le matériel de vote ne soit pas reçu partout à temps. Elle continue également à se battre pour un scrutin à la proportionnelle intégrale, comme pour les autres élections professionnelles en France. Si aujourd’hui, la proportionnelle partielle peut contribuer à l’abstention, la Conf’ incite tous les agriculteurs à aller voter. « Nous, on parle d’élections professionnelles, car les enjeux vont bien au-delà des chambres d’agriculture, il s’agit d’avoir du poids dans les institutions d’une manière générale, et d’être représentés face aux pouvoirs publics », rappelle Thomas Gibert.