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La Coordination rurale repart en campagne, contre la « concurrence déloyale »


AFP le 19/11/2024 à 13:55
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(© Compte twitter Coordination rurale)

Fer de lance de la mobilisation agricole en début d'année, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a repris mardi le chemin de la contestation, prête à bloquer des « points stratégiques » pour lutter contre la « concurrence déloyale » des productions étrangères. (Article mis à jour à 15h)

Des bonnets et des casquettes jaunes, couleur du syndicat, une centaine de tracteurs et des bennes chargées de déchets… Le point de rassemblement de la CR47, mardi matin aux portes d’Agen, avait des airs de déjà-vu, dix mois après de spectaculaires manifestations dans le département.

L’objectif pour les 350 à 400 manifestants (chiffre de la police) : rejoindre la préfecture, qui avait déjà subi les éclats de leur colère fin janvier avec l’arrosage de lisier sur les façades et un impressionnant incendie devant les grilles – la mairie d’Agen avait évalué la facture de nettoyage à 400.000 euros sur l’agglomération.

Un échange téléphonique tendu a eu lieu entre le syndicat et le préfet, qui ne voulait pas revivre « la pire situation de France ». Mais les tracteurs ont pu finalement approcher de l’édifice et y déverser des déchets à la mi-journée, après le retrait de barrières anti-émeute et le recul d’une compagnie de CRS.

« Solutions de pacotille » 

Une délégation devait être reçue en préfecture dans l’après-midi pour exposer ses revendications.

« En début d’année, il y avait de l’espoir, cette fin d’année il n’y en a presque plus. Mais les paysans, les agriculteurs sont combatifs et il est hors de question de capituler », prévient Karine Duc, coprésidente du syndicat et viticultrice. Elle réclame des réponses « structurelles » : baisses de charges et compétitivité au niveau européen.

« Si on arrive à travailler avec les mêmes outils que nos homologues en Europe, avec les mêmes contraintes, la même réglementation partout, je vous garantis qu’avec l’eau qu’on a sur notre territoire, avec le savoir-faire des agriculteurs, avec les terres que nous avons, nous serons forcément compétitifs », juge-t-elle.

« Nous n’avons pas peur de la concurrence, c’est la concurrence déloyale qui est insupportable », ajoute la dirigeante, pointant du doigt l’accord commercial controversé entre l’UE et des pays latino-américains du Mercosur, en cours de négociation.

« Ce soir, on attend des réponses du ministre de l’Agriculture, de Barnier (le chef du gouvernement, NDLR), il faut qu’ils s’engagent, avec des réponses claires, pas du blabla à la Macron, on en a assez eu », renchérit José Perez, l’autre coprésident du syndicat qui dirige la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne depuis deux décennies. « On n’est pas voué à partir manifester trois semaines comme l’hiver dernier, il faut que ça soit vite réglé », souligne-t-il.

Mardi, le mouvement lancé par la CR était suivi dans d’autres départements de la région comme en Charente-Maritime, Dordogne, Gironde, dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. À Périgueux notamment, 45 tracteurs et 29 remorques chargées de déchets ont convergé devant la préfecture.

« Action forte »

À défaut de réponses de l’État jugées satisfaisantes, le syndicat appelle à bloquer le fret alimentaire à partir de mercredi, sans préciser ses cibles.

« On bloquera tout ce qu’il y a besoin de bloquer pour qu’enfin on nous écoute », promet José Perez, indiquant seulement que ses troupes ne resteront pas en Lot-et-Garonne et appelant les agriculteurs « à se regrouper, tous, pour une action forte ».

Selon un responsable de la CR à La Rochelle, des centrales d’achat de la grande distribution pourraient être bloquées en Charente.

À Pau, les agriculteurs vont passer la nuit aux abords de la préfecture, avant d’autres actions de contestation faute de réponses sur « la mauvaise gestion de la vaccination contre la FCO (maladie virale touchant les moutons, NDLR) ou l’accès à l’irrigation », parmi les sujets de mécontentement locaux.

À Bordeaux, « le préfet est à l’écoute, c’est bien, mais après en haut lieu… on sent que c’est compliqué », a dit un représentant de la CR33 au sortir d’une réunion avec Étienne Guyot.

« On va remonter une note à la fois à la ministre de l’Agriculture et au Premier ministre, en essayant d’identifier les priorités absolues », a commenté pour sa part le préfet de région.