La FNAB veut que les reliquats d’aides à la conversion reviennent aux bios


AFP le 24/04/2025 à 16:59

La Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) a appelé jeudi à ce que les reliquats des fonds de la Politique agricole commune (PAC) européenne destinés à la conversion des exploitations au bio, qui traverse une crise, reviennent bien aux agriculteurs bio.

Dans le cadre de la Pac 2023-2027, une enveloppe annuelle de 340 millions d’euros est consacrée aux aides à la conversion à l’agriculture biologique en France, l’UE visant 25 % de terres agricoles bio en 2030.

Mais pour les années 2023 et 2024, 257 millions d’euros de reliquats ont été accumulés, dont une grande majorité provient des enveloppes destinées au bio, selon la ministre de l’agriculture Annie Genevard, qui a déclaré mi-avril qu’il serait « de bonne politique » qu’une partie revienne aux agriculteurs bio.

Le secteur fait en effet face à une crise : en 2023, la France a observé une baisse du cheptel bio et sa première baisse des surfaces agricoles dédiées à ce mode de production (- 2 %). Les premiers chiffres 2024 ne sont pas encourageants, l’afflux de petits maraîchers ne compensant pas la « déconversion » de grands céréaliers, selon l’Agence bio.

Le ministère doit présenter la révision de son plan stratégique national pour la Pac 2023-2027 à la Commission européenne d’ici fin mai et déterminer ainsi la répartition des reliquats. Selon le média en ligne Contexte, il le présentera d’abord aux acteurs du monde agricole le 13 mai.

« On est déjà à 257 millions non dépensés sur deux ans, donc on sait que le reliquat final dépassera un milliard d’euros », affirme Philippe Camburet, président de la FNAB, cité dans un communiqué.

Selon la fédération, le ministère « ne réfléchit que sur deux ans, ce qui pénalise l’agriculture biologique » au moment où « la dynamique de conversion biologique est à l’arrêt ».

Elle ajoute que plusieurs acteurs ont proposé d’utiliser « les reliquats des aides bio pour boucler le budget de la prédation ou financer des équipements agricoles sans prioriser la bio », ce qui revient à une « régression environnementale ».

La fédération propose quatre outils (écorégime bio, crédit d’impôt, bonus bio des régions, paiement pour service environnemental) pour diriger les reliquats vers les agriculteurs bio.

« Nous nous opposerons à toute réaffectation financière qui ne maintiendrait pas en priorité cet argent vers des fermes biologiques comme la France s’y est engagée vis-à-vis de l’Europe », ajoute Philippe Camburet.