La France va exporter plus de blé tendre que prévu

FranceAgriMer réévalue à la hausse les exportations françaises de blé tendre vers le Maghreb et le Moyen-Orient, en remplacement des blés venus de la mer Noire.

Autant qui vont manquer pour approvisionner les marchés mondiaux sur cette seconde partie de la campagne de commercialisation 2021/22. « L’équation est compliquée malgré les excellentes récoltes de l’Argentine, de l’Australie et, nouveauté cette année, de l’Inde », a expliqué Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer, à l’issue du conseil spécialisé des marchés céréaliers le 9 mars.

Le blocage de nombreux ports de la mer Noire mène les pays importateurs à se tourner vers d’autres origines pour répondre à leurs besoins. « La France, l’Allemagne, la Pologne et les États baltes sont en première ligne pour suppléer à l’Ukraine en blé tendre », note ainsi le spécialiste.

FranceAgriMer a considérablement revu ses estimations quant à l’export de grain français sur 2021/22, en précisant que la situation très volatile pourra à nouveau faire évoluer ces prévisions.

800 000 tonnes de blé tendre en plus vers le Maghreb et le Moyen-Orient

Nos exportations de blé tendre vers les pays tiers (hors-UE) sont ainsi gonflées de 800 000 tonnes, pour atteindre 9,7 Mt contre 7,4 Mt sur la campagne précédente. « Vraisemblablement, les opérateurs français sont actifs pour proposer des offres sur le Maghreb et le Moyen-Orient », explique Marc Zribi.

Parmi les importateurs pourrait notamment se trouver l’Égypte, gros client de l’Ukraine. Le pays a assoupli son cahier des charges et lancé des appels d’offre pour livraison en avril, pour l’instant infructueux à cause du manque d’offres et des prix élevés. Pour le premier tender, l’unique offre était française et atteignait 429,22 $/t C&F contre 347 $/t C&F en moyenne lors du dernier achat égyptien.

Après s’être détournée de l’origine France pendant plusieurs mois, l’Algérie vient de son côté d’acheter 600 000 tonnes de blé meunier, en grande partie français. « Le prix se serait traité à 485 $/t C&F à chargement mars-avril », précise Marius Garrigue sur Terre-net.

… Voire encore 500 000 tonnes à 1 Mt supplémentaires

Conséquence de ces exportations en hausse, les stocks de fin de campagne sont estimés en baisse de 617 000 tonnes et se situeraient un peu en dessous de 3 Mt au 30 juin 2022.

« Pour un bilan équilibré, il ne faut pas descendre sous un stock de 2-2,5 Mt », note Marc Zribi, aussi peut-on envisager un potentiel supplémentaire à l’export de l’ordre de 500 000 à 1 Mt de blé tendre, « mais pas davantage, la priorité étant accordée à l’approvisionnement du marché intérieur ».

Concernant le maïs, c’est vers l’Union européenne que la France exportera plus que prévu. Les exportations intracommunautaires sont pour l’instant estimées en hausse de 220 000 tonnes par rapport au mois de février, à 5,1 Mt (4 Mt lors de la campagne 2020/21). Le stock final est évalué en baisse de 65 000 tonnes, à un peu moins de 2 Mt.

L’Espagne, les Pays-Bas et l’Italie sont en effet particulièrement concernés par l’arrêt des exports ukrainiens, et devraient se tourner vers le maïs français.

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