La hausse des prix défendue par les filières de l’alimentation
AFP le 30/08/2022 à 16:17
Des acteurs du monde agricole et de l'industrie agro-alimentaire, ainsi que le ministre de l'agriculture, ont plaidé mardi pour une hausse des prix alimentaires qui prenne en compte celles des coûts de productions agricoles lors d'un débat au Medef, en présence d'acteurs de la grande distribution dans le public.
« Il faut la rémunération de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Je ne demande pas de la morale mais de la logique économique », a déclaré Marc Fesneau, dans ce débat d’une heure sur le thème des « vivres pour vivre » lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) du Medef.
« Est-ce que vous connaissez un salarié qui accepterait huit années de suite de voir son salaire baisser ? C’est ce qui s’est produit dans l’industrie agroalimentaire », a dit Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui participait également au débat au côté de Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole FNSEA.
Fin février, une première augmentation des prix de 3 % avait été conclue entre industriels et distributeurs, prenant en compte l’inflation qui durait depuis la fin du troisième trimestre 2021. C’était alors la première hausse des prix alimentaires depuis 2014. Mais depuis mars et à la demande du gouvernement, les négociations commerciales ont rouvert, parce que les prix dans les rayons alimentaires ne reflétaient plus la réalité des coûts de production qui ont subi une inflation aggravée par la guerre en Ukraine.
Du côté de l’électricité, la situation est également sous tension en raison de l’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, notamment pour des problèmes de corrosion. « Les nouveaux tarifs 2023 des contrats d’énergie s’envolent, avec un prix de l’énergie 20 fois plus élevé pour le gaz et 10 fois plus pour l’électricité qu’avant la crise énergétique », explique l’Ania dans un communiqué publié mardi après le débat au Medef.
« Monsieur Bompard (directeur général de Carrefour, qui participait à un autre débat du Medef plus tôt, NDLR) parlait tout à l’heure de ses clients, de ses salariés et du pouvoir d’achat, jamais de ses fournisseurs, il considère qu’on pourra toujours acheter moins cher ailleurs », s’est agacée Christiane Lambert. « Indéniablement, la France est désarmée sur son agriculture, la France agricole a régressé, on importe de plus en plus », a dit Christiane Lambert.
Dans le public, attentifs au débat, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) était présente, mais aussi Frédéric Thuillier, le directeur des affaires publiques du groupe Les Mousquetaires, qui reconnaît que les filières traversent « une crise profonde », après « le conflit entre la Russie et l’Ukraine, ensuite la grippe aviaire et maintenant la sécheresse ».