L’agriculteur corse tué « n’était pas lanceur d’alerte » assure Via Campagnola
AFP le 01/04/2025 à 17:30
« Il n'a jamais en aucun cas dénoncé quiconque » ! : Pierre Alessandri, producteur d'huiles essentielles tué par balles mi-mars sur son exploitation en Corse-du-Sud, « n'était pas un lanceur d'alerte » comme affirmé par l'association anticorruption Anticor, a assuré mardi son syndicat agricole Via Campagnola.
Pierre Alessandri, 55 ans, a été « blessé par arme à feu » le 17 mars peu après 19H00 sur son exploitation d’agrumes à Sarrola-Carcopino (Corse-du-Sud) et est décédé des suites de ses blessures dans la nuit, selon le procureur de la République d’Ajaccio, qui avait ouvert une enquête pour « assassinat ». « Plusieurs pistes sont exploitées (…) pour déterminer le mobile de (cet) acte criminel qui a manifestement fait l’objet d’actes préparatoires », avait ajouté le magistrat.
Fondateur en octobre 2004 du syndicat Via Campagnola Corse-du-Sud, dont il est devenu le secrétaire général, puis en 2007 le porte-parole, Pierre Alessandri « n’était pas un lanceur d’alerte », assure le syndicat dans un communiqué, précisant que « si notre syndicat s’est souvent élevé contre certaines dérives inhérentes à notre métier, ni notre président ni notre syndicat n’ont jamais dénoncé des individus nommément ».
Réagissant à « la tragédie » de sa mort, l’association anticorruption Anticor avait indiqué dans un communiqué que Pierre Alessandri « était un des lanceurs d’alerte dans l’affaire des fraudes aux subventions européennes en Corse », ce que conteste Via Campagnola.
« En Corse, plus qu’ailleurs, les mots ont un sens et la perversion des mots : des conséquences », a martelé le syndicat agricole, insistant sur le fait que si « un lanceur d’alerte est une personne qui dénonce les dérives d’un système auquel elle appartient, Pierre (Alessandri) n’a jamais fait partie d’aucune administration qui lui aurait permis de connaître les « dossiers » des agriculteurs ».
« Pierre (Alessandri) a pu s’opposer mais n’a jamais en aucun cas dénoncé quiconque », ajoute le communiqué, regrettant que « depuis plusieurs années », le syndicat et son représentant aient été « traînés dans la boue en sous-entendant que des exploitants avaient été directement mis en cause », ce qui « est faux ».
En avril 2019, la distillerie de l’agriculteur avait été détruite par un incendie criminel. Cet incendie, jamais élucidé, avait pour piste privilégiée par le procureur de l’époque, Eric Bouillard, « celle d’une réaction violente liée aux positions syndicales de Pierre Alessandri ».
Candidat à la présidence de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud en 2019, il avait notamment été l’un des seuls syndicalistes agricoles à se féliciter de la tenue de contrôles sur l’attribution des aides agricoles européennes.