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L’agriculture marocaine est bousculée par les aléas climatiques


AFP le 26/02/2025 à 09:45

Au Maroc, invité d'honneur du Salon de l'agriculture à Paris, ce secteur vital fait face à d'importants défis climatiques, notamment une sécheresse persistante que le pays tente d'affronter avec des usines de dessalement et une irrigation moins gourmande en eau.

L’agriculture représente environ 12 % du PIB du Maroc et fournit environ 30 % des emplois.

Sur 2024, les exportations agricoles totalisaient fin novembre 5,2 millions de tonnes pour une valeur de 42 milliards de dirhams (environ 4 milliards d’euros), soit environ 19 % des exportations, selon des chiffres fournis à l’AFP par le ministère de l’agriculture.

L’Union européenne est la principale destination des produits agricoles marocains (tomates, agrumes et autres fruits et légumes), avec la France comme premier client pour environ 675 millions de tonnes et 12 milliards de dirhams (1,15 md EUR) l’an dernier, selon la même source.

Le secteur a toutefois été fragilisé par six années consécutives de sécheresse qui ont provoqué la perte d’environ 137 000 emplois ruraux en 2024 (après – 157 000 en 2023), faisant grimper le chômage à son plus haut niveau depuis 2000 : 13,3 %  l’an passé.

Cette année, de nouveau, les indicateurs ne sont pas rassurants, avec un déficit pluviométrique de 53 % par rapport à la moyenne des 30 dernières années, indiquait le ministre de l’agriculture Ahmed El Bouari à la mi-février. L’actuel cycle de sécheresse est le pire au Maroc depuis le début des années 1980.

A l’horizon 2050, les précipitations devraient baisser de 11 % et la chaleur augmenter de 1,3 degré, selon une étude récente du ministère.

« Phases critiques »

Malgré ces contraintes, le Maroc continue de miser sur son agriculture, quatrième secteur d’exportation derrière le phosphate, l’automobile et l’aéronautique. Un plan a été adopté en 2008 pour stimuler son développement via des subventions publiques.

Le pays utilise des techniques modernes pour réduire la consommation d’eau potable (fortement absorbée par le secteur agricole), notamment l’irrigation au goutte-à-goutte déployée sur 53 % des superficies, avec l’objectif de couvrir un million d’hectares d’ici 2030 (sur un total de 1,6 million).

Le recours à l’eau de mer dessalée, qui irrigue actuellement environ 20 000 hectares, est aussi un choix stratégique du Maroc, avec un objectif de production de plus de 1,7 milliard de m3 par an d’ici 2030, dont une partie destinée à l’agriculture.

Ce pari sur l’agriculture irriguée ne fait pas l’unanimité, et certains dénoncent que l’agriculture pluviale naturelle soit négligée. Ce segment, qui concerne principalement les céréales, a perdu entre 2022 et 2024, 38 % de capacité de production et 31 % de sa superficie, à cause de la sécheresse.

Résultat, le pays a dû importer environ 9 millions de tonnes de céréales entre 2022 et 2024, pour environ 3 Mds de dollars par an.

Face à ce paradoxe, le ministère a adopté un programme pour étendre « l’irrigation complémentaire » pour les céréales sur un million d’hectares d’ici 2030.

Cette technique « permet d’économiser l’eau en ne ciblant que les phases critiques de la croissance des graines », explique à l’AFP le chercheur en irrigation Abderrahim Handouf, pour qui la recherche scientifique et l’encadrement des agriculteurs jouent un « rôle crucial ».

« Des expérimentations ont prouvé qu’on peut augmenter la production de céréales » même avec un déficit de précipitations, ajoute-t-il.