L’après covid-19 : un plan d’action pour sortir de la crise en 6 points clés
TNC le 15/05/2020 à 11:56
Dès le lendemain du déconfinement mardi 12 mai, le syndicat Jeunes Agriculteurs a présenté en visioconférence à la presse son plan d'action de sortie de crise du coronavirus. Organisées autour de six axes, ces propositions s'inspirent de celles mises en avant à travers l'opération de communication "#OnVousNourrit aujourd’hui, et demain ?" lancée mi-mars, sur les réseaux sociaux notamment, pour repenser « l'avenir de l'agriculture », en réponse à l'appel du Conseil de l'agriculture française visant à « rebâtir la souveraineté alimentaire » de la France.
« La pandémie de coronavirus nécessite des mesures de gestion de crise pour l’agriculture, dont certaines ont déjà produit leurs effets, mais aussi des mesures structurantes à plus long terme », martèle Samuel Vandaele, le président de Jeunes Agriculteurs sur le site internet du syndicat www.jeunes-agriculteurs.fr. Au lendemain du déconfinement mardi 12 mai, avec le secrétaire général et les vice-présidents, il a exposé un plan d’action, construit autour de six principes clés, pour l’après covid-19.
De plus, à cause du coronavirus, Jeunes Agriculteurs reporte son congrès à la Baule de juin à octobre 2020 et Les Terres de Jim dans les Alpes-de-Haute-Provence de septembre 2020 à 2021 et Les Toqués de l’agriculture à 2021.
Parmi les propositions phares, certaines nécessitent une application immédiate pour « sécuriser au maximum la situation » des producteurs, confrontés à un ralentissement, voire un arrêt de leur activité, et à des problèmes de trésorerie, suite « à la déstabilisation des marchés ». D’autres visent à préparer l’avenir en améliorant « la résilience environnementale et économique de l’agriculture et la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe ». « En tant que jeunes, nous avons vocation à porter des mesures prospectives », insiste Samuel Vandaele.
À retenir : les principales demandes de Jeunes Agriculteurs
-> Sur le court terme, à l’échelle de :
> la France :
– dispositifs fiscaux, sociaux, bancaires, assurantiels, aide à la main-d’oeuvre
– poursuite des parcours d’installation
– assouplissements de la Pac
– mesures de filières, application de la loi Égalim
>l’UE : mécanismes de gestion des marchés
-> Sur le long terme, à l’échelle de :
> la France :
– accompagnement financier et humain de l’installation et de la transmission
– prix rémunérateurs
– dispositifs de gestion des risques, de lutte contre le changement climatique, d’accès au foncier
> l’UE :
– une Pac « forte, commune, structurant les filières, ambitieuse sur le renouvellement des générations en agriculture et l’environnement ».
– une politique de gestion des risques, des crises agricoles et de régulation des marchés
– un « budget à la hauteur des enjeux »
Axe 1 : soutenir les agriculteurs sur le court terme
- À l’échelle de la ferme
-> par un allègement des charges fiscales et sociales
– report d’un an de l’abattement fiscal et de l’exonération sociale accordés aux JA
– calcul des cotisations sociales sur l’année N et non sur N-1 ou sur la moyenne des trois dernières années
-> par des mesures bancaires et assurantielles
– prêts garantis par l’État
– report des échéances de prêts bonifiés
– mesures d’urgence pour soulager la trésorerie des JA
– prise en charge des primes d’assurance des JA
-> par une aide en termes de main-d’œuvre
– garde d’enfants comme pour les soignants
– embauche de saisonniers (hébergement, transport, protocole sanitaire, conditions d’entrée sur le territoire pour les étrangers)
- Concernant l’installation
– validation des dossiers : obtention de la capacité professionnelle agricole, CDOA dématérialisées)
– plan de professionnalisation personnalisé : reprise des stages
– foncier : adaptation des reports de délais prévus par ordonnance dans le cadre du contrôle des structures
– Pac : avances d’aides, contrôles allégés, paiement avant contrôle
Lire aussi : Coronavirus : de nouvelles barrières pour la transmission des fermes
- Au sein de la filière, en favorisant :
– l’accès au marché : débouchés, prix
– l’origine France en GMS
– l’application de la loi Égalim (contrôle et sanction pour les seuils de revente à perte, les promotions, les prix abusivement bas)
- Au niveau européen : dispositifs de gestion des marchés agricoles
– gestion des volumes : stockage, retrait, distillerie de crise, réorientation…)
– clauses de sauvegarde : limiter les importations notamment
– moratoire sur les tractations en cours pour les accords commerciaux avec des importations ne conformes aux normes françaises
Axe 2 : assurer le renouvellement des générations sur le long terme
- par une campagne de promotion du métier d’agriculteur, « positive et apolitique », avec l’ensemble des partenaires de l’agriculture
- par une formation initiale et continue encore plus solide
- par un accompagnement financier et humain de l’installation plus fort :
– avec un socle national commun et des adaptations territoriales
– un suivi post-installation
– l’évolution du Plan d’entreprise (PE) en un vrai outil de pilotage
- par des politiques publiques adaptées
- par un accompagnement financier et humain de la transmission plus important (mesures fiscales et sociales en particulier)
Axe 3 : miser sur la résilience des exploitations sur le long terme
- par la gestion des risques agricoles
– au sein de la ferme : anticipation et analyse
– au niveau de l’État : politique et budget ambitieux avec des outils efficaces et complémentaires
- par l’innovation pour atteindre la triple performance économique, sociale et environnementale
- par la lutte contre le changement climatique (réduction des GES, stockage du carbone)
- par un accès au foncier plus facile pour les JA (freiner l’accaparement des terres)
- par le rapprochement entre agriculteurs et consommateurs (pactes alimentaires territoriaux)
- par le respect de la loi Égalim (prix payés aux producteurs, organisation économique des filières)
Retrouvez d’autres plans d’action pour l’après covid-19 :
– Coordination rurale : « La France doit abandonner sa logique exportatrice »
– La Confédération paysanne : Faire reconnaître l’utilité publique de l’agriculture paysanne
– Les chambres d’agriculture : Un « engagement collectif » pour l’après-crise
– Sept organisations agricoles appellent à « rebâtir une souveraineté alimentaire »
Axe 4 : garantir un prix rémunérateur sur le long terme
- par l’application de la loi Égalim
- par la construction des prix (contractualisation, intégration des coûts de production)
- par l’organisation et la transparence des filières
- par l’arrêt de la guerre des prix (hausse du SRP, promotions encadrées)
- par plus de contrôles et sanctions (pratiques déloyales, prix abusivement bas)
- par la création de valeur (montée en gamme) et davantage de transparence sur l’origine des produits agricoles
Axe 5 : soutenir une politique européenne ambitieuse sur le long terme
- par une Pac « forte, commune, qui structure les filières et assure leur résilience face aux chocs économiques »
- par une Pac « ambitieuse sur le renouvellement des générations en agriculture » (budget x 2)
- par une Pac « incitative valorisant les efforts environnementaux fournis par les agriculteurs »
- par une politique de gestion des risques et des crises agricoles audacieuse
- par des outils de régulation des marchés
- par un « budget à la hauteur des enjeux »
Axe 6 : porter une solidarité internationale sur le long terme
- par le refus d’accords de libre-échange (Ceta, Mercosur, Mexique)
- par un traitement spécifique des problématiques agricoles dans les négociations commerciales internationales (arrêter de faire de l’agriculture une monnaie d’échange)
- par le développement des échanges et de nouvelles solidarités entre JA du monde entier