L’armement « constitutif » des missions de police de l’environnement
AFP le 04/12/2024 à 13:35
L'Office français de la biodiversité (OFB), ciblé par certains syndicats agricoles, travaille à un « port d'arme discret » de ses agents pour certains rendez-vous administratifs mais cet armement reste indispensable et « constitutif » de ses missions de police environnementale, a jugé mercredi son directeur général.
« Pour cette police de l’environnement, on a besoin d’être capables d’être une police comme les autres et de se défendre… on ne peut pas remettre en cause cet armement qui est constitutif de cette police », a déclaré Olivier Thibault devant la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.
Mais « nous travaillons aujourd’hui à la mise en place du port d’armes discret » pour des rendez-vous administratifs « où il n’y a pas de sujet particulier de sécurité », a-t-il ajouté. La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, qui exerce la cotutelle sur l’OFB avec le ministère de l’environnement, a récemment annoncé « la discrétion des armes en cas de contrôle ».
L’OFB compte 3 000 agents, dont 2 000 sur le terrain. Parmi eux, 1 700 inspecteurs de l’environnement disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire : ils font respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou encore de respect des arrêtés sécheresse.
« Des situations de danger potentiel »
Devant les sénateurs, Olivier Thibault a plusieurs fois justifié l’armement de ses agents face à « des situations de danger potentiel ». Ce port est notamment contesté par l’alliance syndicale agricole majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs, qui affirme que les exploitants s’estiment assimilés à « des délinquants ». De son côté, la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, réclame purement et simplement « la suppression de l’OFB ».
« L’OFB est l’établissement qui contrôle le plus de gens armés officiellement : on a fait 45 000 contrôles de chasseurs l’année dernière, on a fait du contrôle anti-braconnage… », a rappelé Olivier Thibault.
Depuis la création de l’établissement début 2020, les agents ont été confrontés à quelque 80 situations de tension forte, dont « quatre fois où l’arme a été sortie » et « une seule fois où un agent a tiré » : il « avait une machette sous la gorge » à Mayotte, a détaillé Olivier Thibault.
« La vraie question à se poser : pourquoi un agriculteur ? »
« La vraie question qu’il faut se poser, c’est pourquoi un agriculteur a peur quand il voit débarquer un agent de l’OFB », a-t-il jugé, évoquant un « sentiment d’insécurité devant le respect de la loi environnementale ». La ministre de l’agriculture a aussi évoqué le port d’une caméra piéton à titre expérimental. Olivier Thibault s’est dit favorable à ce dispositif qui peut faire « baisser les tensions », tout en relevant qu’il « impose une mesure législative ».
Le regain de la mobilisation agricole ces dernières semaines s’est traduit par des saccages de locaux de l’OFB, notamment par les bonnets jaunes de la CR dans la Creuse, et des menaces contre ses agents. « Pour nos agents (…) se retrouver accusés parce qu’ils tâchent de faire appliquer la loi qui a été choisie, c’est dur », a souligné le directeur de l’OFB.
« On a passé un cap dans le niveau d’inquiétude » après un « attentat » sur la voiture d’un agent, a-t-il dit, en référence au sabotage du véhicule d’un représentant de l’OFB dans le Tarn-et-Garonne.
L’Office est « parfois une bête noire bien utile pour souder les troupes » mais aussi « un peu le bouc émissaire d’un certain nombre de choses », qui parfois ne relèvent pas du tout de sa compétence, comme l’accord commercial avec le Mercosur, a-t-il remarqué.