L’augmentation de la production agricole devrait maintenir des prix faibles
TNC le 20/07/2019 à 07:44
D'après le rapport annuel conjoint de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et de l'Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), la demande mondiale de produits agricoles devrait progresser de 15 % dans les dix ans à venir et la productivité de l'agriculture encore un peu plus. Ainsi, les prix devraient stagner, voire diminuer légèrement.
Présenté à Rome la semaine dernière, le rapport annuel commun de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) dresse, cette fois-ci, des perspectives à 10 ans pour l’agriculture mondiale. Cette dernière « a évolué et s’est transformée en un secteur très hétéroclite avec notamment des exploitations de subsistance face à de grandes multinationales agricoles », résument dans la préface José Graziano da Silva, ex-directeur général de la FAO, remplacé depuis fin juin 2019 par le Chinois Qu Dongyu, et Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. En plus de fournir de la nourriture, ces agriculteurs sont d’importants gardiens de l’environnement naturel et sont devenus des producteurs d’énergie renouvelables. »
Globalement, ce travail de prospective anticipe une amélioration des rendements et une intensification de la production agricole à l’échelle mondiale grâce aux progrès technologiques, ce malgré une utilisation quasi constante des terres agricoles. Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre issues de l’agriculture augmenteraient de 0,5 % par an, ce qui serait cependant inférieur aux prévisions et à la moyenne sur les 10 dernières années (0,7 %). Parallèlement, l’agriculture mondiale est exposée à de nouveaux risques : multiplication des tensions commerciales, apparition de nouvelles maladies animales et végétales, mais également de résistances aux antimicrobiens, durcissement des normes dans le domaine des biotechnologies végétales, intensification des aléas climatiques, renforcement des préoccupations liées à l’alimentation, la santé et le développement durable.
Le commerce de denrées agricoles devrait augmenter
En ce qui concerne plus spécifiquement les céréales, le débouché alimentaire devrait progresser de 150 Mt, soit de 13 %, en raison d’un fort accroissement démographique en Afrique subsaharienne et dans le sud de l’Asie. Le blé et le riz, en particulier, seront très consommés. « Malheureusement, dans les régions en ayant le plus besoin, la progression des revenus devrait ralentir et l’état nutritionnel des populations ne devrait pas beaucoup s’améliorer, fait remarquer dans un communiqué Máximo Torero, sous-directeur général de la FAO pour le développement économique et social. Les conclusions du rapport indiquent une baisse de la sous-alimentation dans son ensemble. Néanmoins, au rythme d’évolution actuel, nous serions loin d’atteindre notre objectif « Faim Zéro » d’ici 2030. »
« Les perspectives indiquent clairement que le commerce est essentiel à la sécurité alimentaire mondiale. Les régions qui connaissent une croissance rapide de la population ne sont pas nécessairement celles où la production alimentaire peut s’accroître de manière durable, donc il est crucial que tous les gouvernements soutiennent des marchés agroalimentaires ouverts, transparents et stables, » ajoute Ken Ash, directeur pour le commerce et l’agriculture à l’OCDE.
Cette analyse prospective prévoit par ailleurs une hausse de la consommation de sucre et d’huiles végétales, consécutive à celle d’aliments préparés et transformés, surtout dans les pays où l’urbanisation est rapide et les revenus plutôt bas. Les plus riches, eux, devraient consommer moins de viande et davantage de beurre que d’huiles végétales. Quant aux pays en développement, ils devraient utiliser plus de matières premières agricoles pour produire des biocarburants. Enfin, là où l’élevage est en pleine mutation vers des systèmes non plus traditionnels mais commerciaux, les cultures vivrières ne suffiront vraisemblablement plus à couvrir l’augmentation des productions animales. Par conséquent, le commerce de denrées agricoles devrait progresser, moins toutefois qu’au cours de la précédente décennie (+ 1,3 % contre + 3,3 %) et les importations ralentir. Du côté des exportations, celles-ci devraient être dynamiques au départ de l’Europe et de l’Amérique latine.