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Le blé chahuté par une possible trêve en mer Noire entre la Russie et l’Ukraine


AFP le 26/03/2025 à 18:05
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Les marchés agricoles sont agités par l'annonce d'un accord entre la Russie et l'Ukraine pour cesser les hostilités en mer Noire. (© Iliya Mitskavets/Adobe stock)

De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont agités par l'annonce de Washington mardi d'un accord entre la Russie et l'Ukraine pour cesser les hostilités en mer Noire, les Etats-Unis se disant prêt à aider Moscou pour exporter ses produits agricoles et engrais sur les marchés mondiaux.

De Chicago à Paris, le blé a été la denrée la plus touchée par ces annonces : mardi, la céréale est tombée de 0,82 % à la cote américaine, tandis que sur Euronext, le blé européen perdait 0,90 %, une baisse du cours du blé qui reste toutefois modérée. Mercredi, les cours européens et américains s’établissaient respectivement à – 0,25% et – 0,97%.

« L’accord de cessez-le-feu est considéré comme un facteur baissier pour le blé », a commenté auprès de l’AFP Arlan Suderman, de StoneX Financial.

Kiev et Moscou ont tous deux accepté d’« assurer la sécurité de la navigation, de supprimer l’usage de la force et d’empêcher l’utilisation de navires commerciaux pour des objectifs militaires en mer Noire », a indiqué la Maison Blanche dans deux communiqués distincts rendant compte des discussions ces derniers jours avec les Ukrainiens et les Russes en Arabie saoudite.

Kiev s’est engagé dans la foulée à « mettre en oeuvre » les annonces de Washington, des « bonnes mesures » selon le président Volodymyr Zelensky. La Russie et l’Ukraine se sont toutefois mutuellement accusées mercredi de vouloir faire échouer cet accord.

Pour Arlan Suderman, il n’est « pas sûr » que le mouvement baissier des cours du blé soit « justifié », mais il s’agit plus certainement d’un « emballement des échanges » lié à des « raisons psychologiques ». « J’ai du mal à comprendre la réaction des fonds qui vendent le blé devant cette possibilité de reprise du « grain deal » parce que le blé sort déjà d’Ukraine sans » cet accord, abonde auprès de l’AFP Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les cours du blé ont explosé, les acteurs du marché craignant que la céréale ne puisse être récoltée et exportée depuis le pays en guerre. Mais l’Ukraine a conservé de forts volumes d’exportations depuis, se plaçant toujours parmi les plus gros acteurs du marché, ce qui a contribué à faire redescendre les prix.

Selon M. Poncelet, les volumes d’exportations de céréales et d’oléagineux sont revenus à des niveaux d’avant-guerre, donc « ce n’est pas parce que le corridor serait remis en place que le blé sortirait plus vite » du pays.

« Les conditions de croissance sont médiocres en Russie et la sécheresse sévit dans les plaines du sud des États-Unis, mais ces problèmes sont relégués au second plan » face aux annonces d’accord, ajoute auprès de l’AFP Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisers.

« Nervosité »

En outre, les acteurs du marché « restent dans un climat global d’incertitudes (…) parce que la confusion demeure, dans l’attente de ce qui sera annoncé le 2 avril » par Donald Trump concernant de nouveaux droits de douane, estime Sébastien Poncelet. « Cela pèse sur le marché de Chicago », ajoute M. Poncelet.

Le maïs américain perdait 0,66 % mercredi, en baisse sur la semaine, tandis que le soja prenait 0,37 %, en petite hausse après avoir glissé ces derniers jours.

Des informations de presse publiées ce week-end ont dévoilé que les surtaxes pourraient être davantage ciblées qu’anticipé.

De son côté, un responsable de la Maison Blanche a déclaré auprès de l’AFP que des droits de douane sectoriels « pourraient être appliqués, ou non, le 2 avril », ajoutant que la situation pouvait encore changer. « L’incertitude effraie les marchés », assure Arlan Suderman, pointant une « nervosité » face aux nombreuses interrogations des investisseurs.

En plus des droits de douane, l’analyste souligne aussi les questionnements entourant la publication lundi prochain par le ministère américain de l’agriculture (USDA) des rapports sur l’état des stocks et les prévisions d’assolement des agriculteurs américains, qui poussent le marché à garder « une certaine retenue », selon M. Suderman.