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Le champagne moins à la fête en 2024 croit toujours en sa magie


AFP le 29/01/2025 à 10:08

Le champagne a perdu de son pétillant en 2024 avec une baisse de l'ordre de 10 % des expéditions sur fond d'incertitudes économiques et politiques, mais la filière estime que ce recul ne reflète pas la consommation qui a mieux résisté.

Vranken-Pommery Monopole a fait état d’une baisse de 9,2 % des expéditions en 2024 avec « la plupart des marchés (qui) sont en baisse », à l’exception du Benelux et de l’Australie, qui progressent tandis que l’Amérique du Nord reste stable. Le chiffre d’affaires de sa branche champagne a reculé de 9,5 % à 263,2 millions d’euros, a indiqué la maison champenoise mardi.

Le groupe LVMH (Moët & Chandon, Hennessy, Veuve Clicquot, Ruinart, Dom Pérignon, Krug, Cheval Blanc…) a lui vu baisser de 11 % ses ventes de vins et spiritueux en 2024 (cognac inclus) et explique qu’« après trois années exceptionnelles, la normalisation de la demande post-Covid pour le champagne et pour le cognac, amorcée en 2023, s’est poursuivie ».

Le numéro un mondial du luxe met en avant « un environnement marqué par un certain ralentissement de la consommation et un contexte plus difficile sur le marché chinois ». Les deux groupes sont les premiers à publier leurs chiffres d’affaires. Lanson-BCC suivra jeudi.

Reflet de la « morosité politique et économique ambiante »

Selon le Comité champagne, les expéditions de champagne en 2024 ont atteint 271,4 millions de bouteilles, représentant une baisse de 9,2 % par rapport à 2023. À l’international, les exportations s’élèvent à 153,2 millions de bouteilles, soit un recul de 10,8 % par rapport à 2023.

Toutefois, « la part des exportations (56,4 % du total) reste nettement supérieure aux ventes sur le marché national, ce qui confirme le renversement observé depuis quelques années », précise le Comité.

Le marché français, avec 118,2 millions de bouteilles, a baissé de 7,2 % comparé à 2023, a détaillé le Comité, pour qui ce déclin sur le marché national reflète le climat de « morosité politique et économique ambiante ».

« Le champagne est un baromètre du moral des populations dans les marchés où nous sommes présents », explique David Chatillon, président de l’Union des maisons de champagne et coprésident du Comité Champagne.

Confiant et vigilant

« C’est un immense atout, mais quand le monde n’est pas à la fête, cela devient un inconvénient provisoirement. Les guerres, les incertitudes politiques, économiques, les menaces de tous ordres, tout cela fait que ce n’est pas favorable », ajoute-t-il.

Toutefois et malgré ce contexte, « on est confiant, même si on reste prudent et vigilant », assure-t-il. La filière estime ainsi que la consommation a moins reculé que les expéditions car nombre d’opérateurs, d’importateurs, avaient « surstocké » en 2022 et 2023 notamment aux États-Unis, selon David Chatillon.

« On est quasiment certains, sans avoir de chiffre, que la consommation est significativement supérieure à nos expéditions », affirme-t-il. « Il y a des écarts significatifs d’une année sur l’autre dans les expéditions, c’est moins vrai de la consommation, qui a forcément baissé dans le contexte actuel mais bien moins que nos expéditions ».

L’impact de la réélection de Donald Trump

Interrogé sur les conséquences de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, il se dit « vigilant ». Car avant d’être réélu, le président américain avait menacé d’imposer des droits de douane sur les produits européens. Menace qu’il agite à nouveau depuis son investiture le 20 janvier, laissant bon nombre d’acteurs européens craindre une guerre commerciale avec les États-Unis.

« Les USA sont notre premier marché à l’export, donc on est extrêmement vigilants, on veille à éviter d’être des victimes collatérales de conflits qui ne nous concernent pas », affirme David Chatillon.

« En matière de commerce, l’Union européenne est compétente, on est en lien bien sûr avec la Commission européenne, mais aussi avec les professionnels des boissons alcoolisées aux États-Unis (importateurs, distributeurs, sommeliers, restaurateurs, etc.) et tous ces gens n’ont aucun intérêt à ce qu’on mette des barrières à l’entrée aux USA », poursuit David Chatillon.

« On est confiant car les Américains sont pragmatiques », assure-t-il. En effet, lors des tensions commerciales qui avaient opposé les États-Unis à l’Europe sous le premier mandat de Donald Trump, le champagne avait fait partie des rares produits épargnés. Selon David Chatillon, il y a « un engouement pour les cuvées de prestige, une croissance des millésimes et des rosés, et dans une moindre mesure pour les extra bruts ».