Accéder au contenu principal

Le déficit de compétitivité menace l’avenir des coopératives céréalières


TNC le 05/02/2025 à 16:07
AdobeStock_437023094

Les coopératives céréalières doivent retrouver de la compétitivité. (© Adobe Stock)

S’ils ne sont pas alarmants, les derniers chiffres de l’observatoire économique et financier du HCCA mettent en avant la faible rentabilité récurrente des coopératives agricoles de la filière grains, à un moment où des investissements massifs doivent être réalisés.

Avec un chiffre d’affaires de près de 66 milliards d’euros en 2023, les coopératives spécialisées dans les métiers du grain représentent 55 % du chiffre d’affaires global de la coopération agricole. Le secteur ne perd pas de parts de marché, et affiche un Ebitda stable sur trois ans, en lien avec la hausse des charges et des coûts, indique le Haut conseil à la coopération agricole (HCCA), qui a présenté le 31 janvier une partie de son Observatoire économique et financier, avec la Coopération agricole.

Cependant, le résultat net sur chiffre d’affaires s’érode de façon plus importante sur la dernière année, sur toutes les structures, et l’évolution des fonds propres sur le bilan montre une tendance sensiblement baissière sur cinq ans, faisant passer l’autonomie financière de 32 % à 28,5 % entre 2018 et 2023.

« Ce léger affaissement est un signe de faiblesse au regard des valeurs d’investissement qu’il va falloir réaliser », explique ainsi François Macé, président de la section Economique et financière du HCCA.

Ces chiffres soulignent « une faiblesse et la récurrence d’une faible rentabilité », alors que les coopératives doivent d’abord penser à la rémunération de leurs adhérents, être prévoyantes, et renouveler outil de travail, poursuit-il, même si « la résilience du modèle coopératif est une réalité ». Des investissements massifs sont à prévoir pour préserver leur compétitivité, notamment au niveau des exportations.

Dans le cadre du Plan infrastructures 2030, lancé par les coopératives céréalières fin 2024, d’importants capitaux devront être mobilisés. Si le HCCA s’est saisi du sujet, la réflexion chemine pour mobiliser des capitaux « longs, pas trop liquides, pas trop exigeants en rentabilité et attirants pour les investisseurs » à travers un fonds dédié, explique François Macé. « On en est au stade de la manifestation d’intérêt », précise-t-il.

« Beaucoup de coûts fixes et une inflation régulière »

« Nous sommes des activités avec beaucoup de coûts fixes, et qui subissent de l’inflation régulière, ne serait-ce que salariale », abonde Christoph Büren, président de la coopérative Vivescia.

De nombreux postes de charges ont en effet subi une forte inflation ces dernières années, comme le rappelle Philippe Dubois de la Sablonnière, responsable économie et international à la direction compétitivité et transitions de la Coopération Agricole. Les prix de l’énergie sont en baisse aujourd’hui, mais restent de 65 % à 130 % plus élevés à date par rapport à la période Covid, explique-t-il. C’est également le cas des coûts d’emballage, qui ont flambé avec la guerre en Ukraine, et se stabilisent aujourd’hui autour de + 23 à + 34 % par rapport à 2020, en fonction des matériaux. Par ailleurs, le coût de la main-d’œuvre a progressé de 15 % sur les quatre dernières années, contre 13 % dans les autres secteurs,

Retrouver de la compétitivité, une nécessité

Pour Christoph Büren, il est donc indispensable de retrouver de la compétitivité, ce qui passe par augmenter la productivité et l’excellence opérationnelle : « coopérer entre nous, être en capacité de mettre en commun un certain nombre d’outils… Nous n’avons plus les moyens d’avoir des structures partout chacun de son côté », ajoute le président de Vivescia.

Ce dernier évoque plusieurs axes de travail, comme une meilleure organisation du flux logistique, la diversification… « Il va falloir réfléchir à ce que nos outils industriels redeviennent plus compétitifs. Nous avons un problème structurel de rentabilité. La tendance est de construire à l’étranger plutôt qu’en France, or le sens de nos métiers est de construire en France, de capter la valeur sur les territoires », ajoute-t-il.