Le maïs, plus rare, tire les prix mondiaux des céréales
AFP le 19/02/2025 à 18:08
Les prix mondiaux des céréales étaient soutenus ces derniers jours par le maïs, dans un contexte de resserrement de l'offre de grain jaune et d'une demande essentiellement satisfaite par les États-Unis.
Mardi à la Bourse de Chicago, le cours du maïs a gagné 1,16 % à 4,9350 dollars le boisseau (environ 25 kg), et le blé 1,08 % à 5,9825 dollars le boisseau (environ 27 kg) sur l’échéance la plus rapprochée (mars).
Dans le sillage du marché américain, blé comme maïs s’échangeaient à la hausse mercredi sur Euronext, en début de séance, avant de refluer légèrement.
« On voit depuis plusieurs semaines une réorientation à la hausse des prix du maïs sur le marché mondial des céréales, (…) liée à un manque de disponibilité chez les grands exportateurs », constate Sébastien Poncelet, analyste spécialiste des céréales chez Argus Media France.
« Le seul pays qui a beaucoup de disponibilités à exporter, ces sont les Etats-Unis, qui exportent leur maïs à tour de bras, à un rythme actuellement supérieur aux dernières grandes années où la Chine était présente », explique-t-il.
Le maïs, le produit « le plus sensible » actuellement
En dépit d’une augmentation significative des prix, « la demande reste forte pour l’instant », relève Arlan Suderman de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Le maïs, essentiellement destiné à l’alimentation du bétail, est aussi consommé par les hommes – notamment au Mexique, dans plusieurs pays latino-américains ou d’Afrique – ou converti en agro-carburant.
Il est le produit considéré comme « le plus sensible » actuellement sur le marché des grains du fait du « resserrement de l’offre mondiale » et de « risques météorologiques dans les principales régions productrices du monde », explique Arlan Suderman.
Dans son rapport de février sur l’offre et la demande mondiales, le ministère américain de l’agriculture a notamment révisé en baisse (- 1 million de tonnes par pays) le potentiel de production de maïs en Argentine et au Brésil « en raison d’une baisse des rendements » due à une météo défavorable.
Facteurs climatiques
Le Mexique a encore récemment acheté 330 000 tonnes de maïs américain et la Corée du Sud, qui a acheté 132 000 tonnes de grains jaunes, s’est en partie fournie aux États-Unis, selon une note du cabinet Inter-Courtage.
Le blé, habituellement moteur du marché, doit cette fois la hausse de ses cours au maïs. Et aussi à des facteurs climatiques.
« Les trois zones produisant du blé en ce moment dans l’hémisphère nord – États-Unis, Europe de l’Ouest et mer Noire – ont chacun leurs soucis. Cela alimente la fermeté des prix des grains de la nouvelles campagne (2025-2026) sur les marchés à terme », relève Sébastien Poncelet.
Dans ces régions, des problèmes différents se posent aux cultures : les États-Unis sont à nouveau confrontés à une vague de froid polaire, qui descend du Canada jusqu’au sud des grandes plaines céréalières, au Kansas ou en Oklahoma ; en Europe de l’Ouest, et notamment en France, c’est l’excès de pluies et le manque d’ensoleillement qui inquiète pour la future récolte ; en mer Noire, c’est au contraire le temps sec que surveillent les opérateurs.
« Inertie en France »
Outre ces préoccupations météorologiques, les cours du blé sont aussi soutenus par un retour de la demande internationale avec des appels d’offre de l’Algérie et de l’Arabie Saoudite.
Pour le blé, la hausse est toutefois beaucoup plus timorée en Europe qu’aux États-Unis : il y a notamment « une grosse inertie en France parce qu’on a toujours des difficultés à exporter les quelques millions de tonnes de blé qui restent à vendre » depuis la récolte 2024, souligne Sébastien Poncelet.
Le blé français reste trop cher comparé aux grains russes, en dépit d’un ralentissement des ventes de la Russie qui laissait ces dernières semaines espérer une fenêtre de tir commerciale.
Concernant le soja, dont les cours étaient en léger recul sur une semaine à Chicago (à 10,3 dollars le boisseau mardi), les ventes étaient mitigées ces derniers jours.
Alors que le flou demeure sur les taxes à l’importation envisagées par l’administration Trump à partir du 1er avril, Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, estime que même si des droits de douane étaient imposés à la Chine, « cela ne secouerait pas vraiment les marchés agricoles » car les ventes de soja américain vers ce pays « sont en baisse depuis novembre ». Les Chinois, souligne-t-il, « se tournent vers le Brésil ».