Le maraîchage réclame des bras
AFP le 19/03/2020 à 09:08
Les producteurs de fruits et légumes, qui ont traditionnellement du mal à recruter, manquent plus que jamais cruellement de bras, conséquence de l'épidémie liée au coronavirus et des fermetures de frontières qui en découlent, a averti mercredi la FNSEA, qui réclame des dérogations pour y remédier.
Le syndicat majoritaire craint « que le besoin de main d’œuvre sur les exploitations agricoles ne soit pas satisfait et que des productions soient perdues ». Parmi les principaux facteurs, la fermeture des frontières de l’Europe aux travailleurs étrangers et de certains pays voisins de la France, comme l’Espagne, selon Jérôme Volle, viticulteur en Ardèche et président de la commission emploi à la FNSEA.
« Les fraises ont démarré en France, les asperges ont démarré en France et très clairement, on a une pénurie de main-d’œuvre sur ces deux grosses productions », a-t-il déclaré lors d’un entretien à l’AFP. Ses craintes se portent également, entre autres, sur la cerise, dont la récolte doit débuter d’ici un mois, et sur la tomate, dont la récolte est déjà effective par endroits, notamment sous serres.
« Malgré tout, il rentre quand même de la production d’Espagne en France, mais par contre la main-d’œuvre ne vient plus d’Espagne », déplore Jérôme Volle. Parmi les départements déjà touchés, les Pyrénées-orientales, l’Aude, le Gard, l’Hérault, mais aussi le Lot-et-Garonne ou le Tarn-et-Garonne, déjà confrontés à des difficultés pour récolter.
Autre conséquence de la crise sanitaire, « quelques désengagements » de salariés agricoles français, contraints de rester à la maison pour garder leurs enfants. Pour remédier à cette situation, la FNSEA réclame « des assouplissements temporaires pour assurer la gestion de main d’œuvre ». « On a des salariés qui ont envie de faire des heures, mais la loi ne permet pas de faire plus de 48 heures par semaine », explique Jérôme Volle. « Les employeurs ne veulent pas être dans l’illégalité. C’est pour ça qu’on demande des dérogations de 60 heures semaine par exemple », explique-t-il, comme cela peut se faire parfois en période de vendanges.
Le syndicat réclame également, entre autres, la défiscalisation des heures supplémentaires, des recours facilités aux contrats à durée déterminée et au travail temporaire, le recours à des salariés placés actuellement en chômage partiel ou l’autorisation pour les élèves et étudiants des établissements agricoles qui le souhaitent de venir travailler de façon occasionnelle. « Si les frontières se ferment, on va avoir des difficultés à récolter l’ensemble de nos productions, alors que la population a besoin de nourriture, de trouver dans les rayons frais des fruits et légumes », conclut Jérôme Volle.