Le marché des céréales incertain avant les élections américaines
AFP le 31/10/2024 à 09:33
Après un rebond mardi, les cours mondiaux des céréales étaient de nouveau orientés à la baisse mercredi dans un marché incertain avant les élections américaines. La tendance générale reste au repli et les opérateurs sont prudents, de la Bourse de Chicago à celle de Paris.
Lundi, le blé américain est tombé à son plus bas niveau depuis un mois et
demi, créant les conditions d’un « rebond technique » pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, se disant « pas convaincu » que cela dure.
Ce rebond des cours du blé est notamment dû à la publication lundi par le ministère américain de l’agriculture (USDA) de données sur l’état des cultures « inférieures aux attentes » du marché, avec 38 % des surfaces de blé considérées en « bon » ou « excellent » état, contre 47 % l’an dernier, relève Don Roose, de US Commodities.
Mais dès mercredi, les cotations repartaient à la baisse partout, avec sur
le marché européen un blé en léger repli, autour de 218 euros la tonne sur
l’échéance de décembre, et un maïs refluant plus franchement à 205 euros la
tonne sur l’échéance de novembre.
La dynamique à la hausse est tempérée par l’amélioration des conditions météorologiques en Amérique du Sud comme aux États-Unis, avec des prévisions de « bonnes pluies pour de nombreuses zones de sècheresse de la Winter wheat belt »(Colorado, Kansas et Oklahoma) alors que les semis de blé d’hiver s’achèvent, note Arlan Suderman.
Outre la météo et l’avancée des récoltes américaines, presque terminées en
maïs et soja, les marchés restent hésitants à une semaine des élections
américaines. « Beaucoup de questions restent en suspens en fonction de la personne élue », par exemple celle de « l’augmentation des droits de douane » souhaitée par Donald Trump, relève Don Roose.
« On se souvient de la guerre commerciale avec la Chine après l’arrivée de Trump à la présidence », renchérit Arthur Portier, analyste au sein d’Argus Media France.
Pour Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, « l’augmentation des
exportations américaines, en particulier vers le Mexique [pour le maïs] et,
dans une certaine mesure, vers la Chine [pour le soja] » est liée aux « incertitudes qui entourent l’élection présidentielle de la semaine prochaine ». Il estime par ailleurs « probable que les spéculateurs ne prennent pas position » tant que l’élection n’est pas passée.
« L’huile en feu »
Côté européen, les yeux sont aussi rivés vers l’Amérique et les opérateurs
prudents. « On patine un peu », résume Damien Vercambre, du cabinet
Inter-Courtage. Il relève quelques appels d’offres habituels – Jordanie, Corée du Sud – sur des volumes modestes et un nouvel appel d’offre algérien qui, lui, pourrait être un bon indicateur de la compétitivité des blés européens face aux grains russes.
Après avoir beaucoup baissé son prix, le blé français « redevient compétitif par rapport au russe, maintenant il faut marquer l’essai et remporter un contrat », ce qui pourrait rompre le mauvais rythme des exportations françaises des derniers mois, relève Arthur Portier.
Enfin, à l’exception du soja américain, descendu mardi à son plus bas niveau
depuis deux mois sous la pression d’une abondante récolte, « le secteur de
l’huile est en feu », souligne Arthur Portier.
Le cours du colza est ainsi passé au-dessus de la barre symbolique des 500 euros la tonne sur Euronext, caracolant à 514 euros mercredi, au plus haut depuis des mois, répondant à une dynamique propre aux huiles : le complexe des oléagineux est emmené par la flambée de l’huile de palme à Kuala Lumpur.
Cette hausse des cours est liée à plusieurs facteurs pour Arthur Portier : la « faiblesse des stocks en Indonésie, où le président a annoncé vouloir augmenter le taux d’incorporation » dans le carburant, et des « achats
importants de l’Inde, qui célèbre cette semaine Diwali, la fête des lumières ».