Le marché des céréales incertain, coup de chaud en Argentine
AFP le 08/01/2025 à 20:05
Le marché mondial des céréales est incertain en ce début 2025, les cours du maïs trouvant un peu de soutien d'un temps sec et chaud dans la principale région de production en Argentine.
De la Bourse de Chicago au marché européen, les cours des céréales fluctuent peu. Ceux du blé progressent légèrement. Mercredi, sur Euronext, la céréale du pain s’échangeait autour de 232 euros la tonne sur l’échéance de mars, la plus rapprochée. Le maïs s’approchait des 212 euros la tonne, gagnant 3 % sur un mois.
« On retrouve des marchés très volatils, comme on en a connu entre 2017 et 2020, au gré des publications et rumeurs liées à la politique à venir de Donald Trump, et sensibles aux impacts climatiques », a expliqué Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
« On est dans un marché incertain, qui cherche un second souffle » pour la deuxième partie de campagne, jusqu’aux récoltes de l’été dans l’hémisphère nord, a relevé Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.
Pour l’orge, le blé, le sorgho, mais aussi le maïs, « tant que la Chine ne revient pas acheter, il nous manque le moteur du monde », a-t-il résumé, tout en notant que « les ventes américaines de maïs restent bonnes » en attendant l’arrivée sur le marché du grain jaune des producteurs sud-américains.
Dans ce contexte, le fait le plus marquant des derniers jours est l’inquiétude qui monte en Argentine, où la chaleur est caniculaire dans toute la zone de production du soja et du maïs, dans les régions de Cordoba et Santa Fe.
« Cela fait trois à quatre semaines qu’il ne pleut pas et les températures sont montées à plus de 40 °C. C’est davantage préjudiciable au maïs, dont la récolte est attendue au printemps », a précisé Sébastien Poncelet.
« Nous sommes tous très nerveux et préoccupés par les conditions météorologiques en Amérique du Sud, en particulier en Argentine. Les trois ou quatre prochains jours de précipitations potentielles seront déterminants pour beaucoup de nos estimations concernant la taille des récoltes dans ce pays », a signalé Michael Zuzolo, du cabinet Global Commodity Analytics ans Consulting.
« Beaucoup d’inconnues »
En parallèle, selon Sébastien Poncelet, « il y a des excès de pluie dans le Mato Grosso, au Brésil, où doit débuter la récolte de soja ». Dans cette région phare de la production brésilienne de maïs et de soja, il faudrait que les précipitations cessent pour que puissent commencer les moissons.
Rien n’est joué à cette période de l’année, mais les opérateurs sont attentifs aux conditions de culture. La météo est ainsi « trop humide en Europe de l’Ouest » et trop sèche dans le sud de la Russie, où « les réserves hydriques ne se refont pas », d’après l’analyste d’Argus Media.
Aux Etats-Unis, l’appréciation du dollar limite la hausse des cours des matières premières agricoles, mais le blé trouve un peu de soutien dans une légère dégradation de l’état des cultures au Kansas, premier Etat producteur de blé d’hiver.
« Pour les prochains jours au moins, nous devrions assister à des échanges neutres, dans l’attente de quatre rapports distincts de l’USDA (ministère américain de l’Agriculture, NDLR) vendredi », dont le fameux rapport dit Wasde sur les stocks et prévisions de production mondiaux, a estimé Rich Nelson de la maison de courtage Allendale.
Concernant le soja, selon Jason Roose, analyste de US Commodities, « les stocks de fin de campagne aux États-Unis sont très importants et la récolte sud-américaine qui nous attend est très abondante », ce qui pourrait être défavorable pour les cours.
Pour que les prix progressent, « il faudra que les exportations restent fortes, que le dollar s’affaiblisse et que la demande d’éthanol soit forte », a-t-il jugé.
Or, que ce soit sur les exportations ou la politique sur les biocarburants, il demeure « beaucoup d’inconnues » liées aux futures décisions de l’administration Trump, a souligné Rich Nelson, qui ne voit pas le marché prendre une direction franche en attendant d’avoir des réponses.