Le Modef défend un modèle basé sur des prix rémunérateurs garantis par l’État
TNC le 03/12/2024 à 15:39
Le cinquième syndicat agricole français mène lui aussi sa campagne pour les prochaines élections professionnelles aux chambres d’agriculture, demandant avant tout un revenu décent pour les paysans, à partir de prix de référence et de coefficients multiplicateurs pour calculer les marges.
S’il représente 2 % des agriculteurs à l’échelle nationale, le Modef, Mouvement de défense des exploitants familiaux, est bien implanté dans certains départements du sud et du sud-ouest où il avoisine les 10 % de représentativité, voire 30 % dans les Landes. Et il entre en campagne avec un objectif : « changer de cap », explique Didier Gadea, viticulteur et président du Modef de l’Hérault, à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue le 3 décembre.
Il s’agit « d’en finir avec cette loi du marché et avec la spéculation », ajoute-t-il, mettant en avant la revendication principale de son syndicat : « des prix planchers rémunérateurs fixes et garantis par l’État ». Ce dernier doit imposer un prix de référence prenant en compte le coût de production et le revenu de l’agriculteur, et qui doit servir de base aux négociations entre les deux parties.
Des coefficients multiplicateurs contre la spéculation
Néanmoins, ces prix garantis doivent être, pour le Modef, associés à des coefficients multiplicateurs. L’État fixe un taux légal à ne pas dépasser entre le prix d’achat au fournisseur et le prix de vente. Ainsi, l’augmentation des marges intermédiaires passe nécessairement par une hausse du prix d’achat au fournisseur. Le mécanisme favorise également les achats locaux : avec un coefficient multiplicateur, il est moins intéressant d’aller acheter en Espagne une tomate beaucoup moins chère, puisque la marge sera mathématiquement moins importante elle aussi.
Le mécanisme ne doit pas s’appliquer uniquement aux produits alimentaires, mais également aux prix de l’énergie, très soumis à la spéculation, alors que l’énergie est nécessaire à toutes les étapes de la production agricole, souligne Didier Gadéa.
Sortir l’agriculture de l’OMC
Sur le sujet brûlant de l’accord entre l’UE et les pays du Mercosur, la position du Modef est claire : il faut sortir les matières premières agricoles de l’OMC, et des accords car ils nuisent gravement au revenu des agriculteurs, rappelle Frédéric Mazer, co-président du Modef au niveau national. Ce dernier ne croit pas une seconde à la possibilité de mettre en place des clauses miroirs. L’accord avec la Nouvelle-Zélande a d’ailleurs été signé sans l’instauration de ces mesures, et avec, dans son premier article, « l’objectif de veiller à ce que dans les dispositifs sanitaires et phytosanitaires, les parties ne créent pas d’obstacle au commerce », rappelle Frédéric Mazer. « Et on nous dit qu’avec le Mercosur, on pourra signer des clauses miroirs ? C’est de la foutaise », s’agace-t-il.
Des alliances possibles avec d’autres syndicats ?
Le Modef pourrait-il s’allier avec d’autres syndicats pour peser davantage dans le cadre des élections aux Chambres d’agriculture ? Pour Didier Gadéa, ce n’est « absolument pas à l’ordre du jour », tant que le système de proportionnelle actuel n’est pas modifié. « Changeons le système, qu’on ait le nombre d’élus qui corresponde au pourcentage qu’on a fait, et après on parlera des alliances », ajoute-t-il.
En outre, le Modef estime être le seul syndicat à défendre ce système de prix garantis par l’État. Les autres, « ils nous offrent le marché, toujours le marché, mais le marché ne fonctionne pas », insiste le viticulteur qui déplore que l’on voie « toujours les mêmes à la télé : un qui a la place, l’autre qui la veut, qu’importe le sort des paysans ».
Le syndicat n’ira en tout cas « pas gueuler contre les pesticides ou demander le choc de simplification : la première chose, c’est le revenu, on veut que les paysans gagnent leur vie avec leur travail, et le reste suivra ». « Vous entendrez encore parler du Modef, on n’a pas décidé de se taire ! », prévient Frédéric Mazer.