Le président de Chambres d’agriculture appelle à dépasser les clivages syndicaux
AFP le 22/03/2025 à 08:45
Le président de Chambres d'agriculture France Sébastien Windsor, réélu mercredi et issu de la FNSEA, a appelé à dépasser les clivages syndicaux et politiques pour « mieux écouter les agriculteurs sur le terrain » et leur donner des perspectives face à la crise qu'ils traversent.
« Lors de la session d’installation, j’ai appelé tous les présidents, quelle que soit leur origine politique, à se servir des chambres pour répondre à la crise. C’est un sujet qui dépasse les syndicats », a-t-il déclaré à l’AFP dans un entretien jeudi.
Sébastien Windsor a été réélu avec 91 voix sur 102 à la tête de l’entité nationale par les présidents de chambres d’agriculture départementales, interdépartementales et régionales, dont 83 sont issus de la FNSEA.
Le syndicat historique, allié aux Jeunes agriculteurs (JA), a perdu la majorité absolue lors des élections professionnelles de janvier (avec 46,7 % des voix contre 55,5 % en 2019) mais a réussi, grâce à des alliances, à conserver son assise sur ces établissements clés, qui ont un rôle de conseil des agriculteurs et représentent leurs intérêts auprès de l’Etat.
La Coordination rurale (29,85 % des voix) et la Confédération paysanne (20,49 %) ont appelé à de nombreuses reprises à un changement du mode de scrutin, qui a façonné l’hégémonie territoriale de l’alliance FNSEA-JA.
La session d’installation du président, du bureau et du conseil d’administration « s’est passée dans un climat calme, je m’étais préparé à ce que ce soit plus houleux », affirme Sébastien Windsor.
Seul le président de la chambre de Corse, qui portait une liste affiliée à la Confédération paysanne, est entré au conseil d’administration et au bureau, parmi un cortège d’élus FNSEA-JA.
« Pas de bouleversement »
« Il y a eu des changement mais je ne parlerais pas de bouleversement », a estimé M. Windsor à propos des résultats du scrutin.
« Ca veut pas dire qu’ils (les autres syndicats) n’ont pas exprimé des désaccords, certains se sont abstenus sur le budget. » « L’assemblée est un peu différente du passé. Elle est différente aussi parce qu’on subit une crise incroyable et que face à cette crise, le vrai enjeu, c’est d’améliorer la capacité de nos chambres à accompagner des projets », a déclaré M. Windsor.
« Soit on hurle, on ne fait rien, les agriculteurs continueront à s’enfoncer dans la crise » et on compte sur l’Etat pour venir à la rescousse « mais ses caisses sont un peu vides. Soit on essaye de travailler des projets avec les agriculteurs », a-t-il ajouté.
Parmi ses objectifs figurent le renforcement du maillage territorial, en augmentant la présence des chambres sur le terrain et en « partageant les fonctions ressources », mais aussi la formation des conseillers pour renforcer leur capacité « à être à l’écoute » et à proposer des solutions qui « ne viennent pas forcément des chambres mais d’instituts techniques, de recherche, des coopératives ou des grandes filières ».
Le but de cet agriculteur avec une formation d’ingénieur est de « transférer les innovations sur les territoires et entre les territoires ».
Il dénonce aussi la « multiplication des normes » : « les chambres ont consacré beaucoup d’énergie à accompagner les agriculteurs pour qu’ils restent dans les clous (…), on a perdu peut-être une dynamique qui consiste à donner des perspectives ».
Sébastien Windsor défend une approche de soutien de l’Etat à des « projets » dans leur globalité et non sur des points particuliers « bien sûr en traitant les enjeux changements climatiques, environnementaux, mais en commençant par essayer de répondre (aux) attentes en matière de revenus, de charge de travail et de complexité ».
L’année 2025 sera consacrée à bâtir un projet pour les chambres d’agriculture, d’abord au niveau départemental, puis à définir une « trame nationale » avec des objectifs chiffrés annoncés au deuxième semestre.