Le projet de loi « n’oppose pas économie et écologie » (Denormandie)
AFP le 05/10/2020 à 17:22
Le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves « ne veut pas opposer économie et écologie » mais est une question de « souveraineté », a affirmé le ministre de l'agriculture, Julien Denormandie, lundi devant l'Assemblée nationale.
« C’est un texte difficile, important qui ne veut pas opposer économie et écologie », a déclaré le ministre de l’agriculture en ouvrant les débats dans l’hémicycle. « La question est celle de notre souveraineté », a-t-il ajouté. « La filière de la betterave est aujourd’hui en danger », a mis en avant Julien Denormandie. En raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d’insecticide sont atteintes de « jaunisse ». La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers.
#néonicotinoïdes : le ministre de l'Agriculture @J_Denormandie évoque une "situation exceptionnelle et une impasse à laquelle nous devons apporter une réponse pour la filière betterave, une filière d'excellence française qui représente 46.000 emplois" #DirectAN pic.twitter.com/hBNcdmeFe0
— LCP (@LCP) October 5, 2020
« Pas d’alternative d’échelle aujourd’hui »
Problème : ce type de pesticide a été interdit en 2018. Avec son projet de loi, le gouvernement s’appuie sur l’article 53 du règlement européen sur les phytosanitaires permettant de déroger à l’interdiction de certains produits lorsqu’il existe un « danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables ». « Aujourd’hui il n’existe pas d’alternative d’échelle, qu’elle soit chimique ou agronomique », a relevé Julien Denormandie.
.@N_Hulot, il ne s’agit en aucun cas d’opposer écologie et économie. Il s’agit d’une question de souveraineté.
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) October 4, 2020
La transition écologique ne peut se faire en tuant une filière et en important ensuite du sucre de pays étrangers moins-disants sur les questions environnementales ! pic.twitter.com/mIZp2EmRAf
« Nous sommes tous favorables à l’arrêt des néonicotinoïdes, nous sommes tous favorables à la transition agro-écologique », a-t-il complété, « mais cela ne peut pas être au prix de tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges ». La baisse des rendements induite menace la pérennité de la filière sucrière française, qui emploie 46 000 personnes, dont une bonne partie dans des usines de transformation, estime la profession. « Souhaitons nous laisser notre première place (de producteur de sucre) au niveau européen ? Pour une question de dogmatisme ? », a interrogé le rapporteur du texte (LREM), Grégory Besson-Moreau.
Le patron du groupe LFI Jean-Luc Mélenchon a ensuite défendu une motion de rejet préalable du projet de loi, jugeant qu’« une faute va se commettre ». « Nous allons décider quelque chose de dangereux pour nos semblables, pour nos enfants, nos petits-enfants » et demain d’autres dérogations seront demandées, a-t-il affirmé, en estimant en outre que « la betterave française est malade du libre-échange » davantage que des pucerons. « Vos propos d’estrade ne feront jamais pousser une betterave dans notre pays », lui a rétorqué Julien Denormandie.
Revoir : Jaunisse de la betterave – Recours aux néonicotinoïdes, aides, prévention : les mesures gouvernementales (06/08/2020)
Et : Néonicotinoïdes – Un plan de transition pour la filière betteraves (22/09/20)