Léger rebond des prix alimentaires mondiaux, portés par une flambée du sucre
TNC le 06/05/2023 à 06:30
En décrue depuis un an après leur flambée liée aux effets de la guerre en Ukraine, les prix alimentaires mondiaux ont légèrement rebondi en avril, sous l'effet d'une envolée des prix du sucre, a indiqué vendredi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). L'indice des prix de la viande est remonté, tandis que ceux des céréales, des produits laitiers et des huiles végétales ont continué de baisser.
L’indice FAO des prix des denrées alimentaires, qui suit la variation des cours internationaux d’un panier de produits de base, a progressé de 0,6 % par rapport à son niveau de mars. Il se situe largement sous son niveau d’il y a un an (- 19,7 %), quand les marchés accusaient les effets de la guerre en Ukraine, mais se maintient à un niveau élevé, bien au-dessus des indices de 2020 et 2021 à la même période.

L’indice FAO des prix du sucre a toutefois augmenté de 17,6 % par rapport à mars, atteignant un niveau record depuis octobre 2011. En cause : une baisse de la production attendue en Inde, en Chine et en Thaïlande, liée notamment à la sécheresse.
Par ailleurs, « le lent démarrage » de la récolte de canne à sucre au Brésil et la hausse des prix internationaux du pétrole brut, qui renforce la demande pour de l’éthanol à base de canne à sucre, tirent les prix vers le haut.
À l’exception des prix de la viande et du riz, qui ont aussi légèrement rebondi, tous les autres indices poursuivent leur repli en avril. Celui des céréales a ainsi perdu 1,7 % par rapport à mars.
Le prix du blé a baissé de 2,3 % sur un mois, pour atteindre son plus bas niveau depuis juillet 2021. Ceci s’explique surtout par les « importantes disponibilités exportables de la Russie et de l’Australie », les conditions climatiques favorables en Europe et l’accord autorisant le transit de grain dans les pays de l’est de l’Union européenne.
Les prix mondiaux du maïs ont chuté de 3,2 % en avril, « principalement en raison de l’augmentation des disponibilités saisonnières en Amérique du Sud ». La FAO souligne que la production brésilienne devrait atteindre un niveau record en 2023. Le pays pourrait alors devenir premier exportateur mondial de cette denrée, une position qu’il n’a atteint qu’une seule fois en 2013. L’Argentine devrait à l’inverse voir sa production chuter à cause de la sécheresse.
Les prix de l’orge ont perdu 4,3 % sur un mois, « reflétant le manque de demande mondiale et les retombées de la faiblesse des marchés internationaux du maïs et du blé ».
L’indice FAO des prix des huiles végétales a de son côté baissé de 1,3 % par rapport à mars. Un repli continu depuis cinq mois, qui « reflète l’effet combiné de la stabilité des prix mondiaux de l’huile de palme et de la baisse des cotations des huiles de soja, de colza et de tournesol ». Ces dernières sont entraînées à la baisse par la pression de l’offre mondiale.
« Il est important de continuer à suivre de très près les évolutions des prix et les facteurs d’augmentation : alors que les économies se remettent d’un ralentissement important, la demande va s’accroître, exerçant une pression à la hausse sur les prix des denrées alimentaires », a souligné dans un communiqué Máximo Torero, économiste en chef de la FAO.
Dans le même temps, « la hausse des prix du riz est extrêmement préoccupante, et il est essentiel que le corridor d’exportation des céréales en mer Noire soit renouvelé (avant son expiration le 18 mai, NDLR) pour éviter tout nouveau pic des prix du blé et du maïs », a-t-il souligné.