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NGT

Les 27 toujours divisés sur une dérégulation des biotechnologies génétiques


AFP le 28/05/2024 à 10:00

Plusieurs ministres européens de l'agriculture ont appelé lundi à « accélérer » pour déréguler les biotechnologies génétiques, qualifiées de « nouveaux OGM », face aux résistances persistantes de plusieurs Etats membres, un dossier que la présidence belge de l'UE espère débloquer d'ici fin juin.

Variétés résistantes à la sécheresse ou aux maladies, moins gourmandes en pesticides, blé pauvre en gluten… autant d’horizons ouverts par les « nouvelles techniques génomiques » (NGT), kyrielle d’outils « éditant » le matériel génétique des plantes sans ajout extérieur – contrairement aux organismes génétiquement modifiés (OGM) « transgéniques ».

Le Parlement européen avait approuvé début février un important assouplissement réglementaire pour les végétaux issus de NGT, ouvrant la voie à des négociations avec les Etats pour finaliser le texte. Mais les Vingt-Sept, divisés sur le sujet, n’ont toujours pas arrêté leur position.

Le ministre belge de l’agriculture, David Clarinval, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE jusqu’à fin juin, espère décrocher un compromis « le plus rapidement possible ». « On y travaille d’arrache-pied, ce n’est pas un dossier simple à débloquer », a-t-il cependant reconnu avant une réunion à Bruxelles des ministres européens de l’agriculture, où le dossier était abordé.

Pour réaliser la « transition verte » et « rester compétitif à l’échelle mondiale », « les biotechnologies représentent un immense potentiel, il est important que la législation ne crée pas d’obstacles inutiles », a plaidé le ministre danois Jacob Jensen, soutenu notamment par l’Irlande, le Portugal, la Finlande, l’Italie, la France, les Pays-Bas. « On ne peut pas prendre encore davantage de retard sur les NGT, face à aux Etats-Unis, à l’Australie, à la Chine, on commettrait une grave erreur stratégique si l’on n’adoptait pas cette législation cette année », a abondé le ministre espagnol Luis Planas.

Mais plusieurs Etats continuent de s’opposer au texte, s’alarmant – comme l’Autriche – de la coexistence avec l’agriculture bio, ou inquiets – comme la Pologne – d’une multiplication des brevets onéreux au détriment des agriculteurs.

Un responsable polonais a réclamé lundi « une étude d’impact appropriée prenant en compte l’impact sur (…) la compétitivité, la sécurité alimentaire et les aspects socio-économiques », tandis que la ministre slovène Eva Knez en appelait au « principe de précaution », et demandait que les Etats restent libres de recourir ou non aux NGT.

Le texte envisagé n’appliquerait pas les règles drastiques encadrant les OGM (longue procédure d’autorisation, étiquetage, surveillance…) aux variétés manipulées par NGT présentant des modifications limitées susceptibles de se produire naturellement.

Point très controversé : le projet de Bruxelles n’empêche pas de breveter ces nouvelles semences, mais à la suite des eurodéputés, plusieurs Etats, Pologne en tête, réclament que les brevets soient interdits pour les plantes issues de NGT, une disposition que la Belgique réfléchit à intégrer pour sortir de l’impasse.