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Les agriculteurs bio, « grands oubliés » de la crise


TNC le 19/11/2024 à 15:37
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(© Adobe Stock)

Pour l’association Terre de liens, les difficultés propres aux producteurs bio, particulièrement violentes, sont masquées par la crise générale qui touche le secteur agricole. Le mouvement appelle le gouvernement à un « sursaut » face aux déconversions qui s’accélèrent.

Crise de la demande et baisse des rendements ont entraîné, ces deux dernières années, une crise « sans précédent » pour la filière bio, avec des pertes qui ont atteint 550 M€ et une surface agricole utile qui a reculé de 54 000 ha, passant de 10,5 % à 10,4 % entre 2022 et 2023, dénonce Terre de liens.

Si l’ensemble de l’agriculture française subit actuellement des difficultés majeures, le mouvement estime que les agriculteurs bio sont « les grands oubliés » et dénonce « un manque de soutien évident de la part des pouvoirs publics ». Le non-respect de l’objectif de 20 % de bio dans les cantines (fixé par la loi Egalim), ou la concurrence d’autres labels comme la HVE, exposent les agriculteurs bio aux aléas du marché. En outre, « l’absurdité a atteint son paroxysme » avec la suppression des aides au maintien, s’insurge Terre de Liens qui y voit une « condamnation » de la filière.

Une crise générale qui pèse encore plus sur le bio

Et les problématiques dénoncées actuellement par les agriculteurs mobilisés ont, elles aussi, un impact très fort sur la filière bio, poursuit l’association. L’inflation touche les agriculteurs bio malgré les stratégies pour limiter le recours aux intrants et la dépendance aux marchés, et le retard des aides Pac rend la situation encore plus critique en matière de trésorerie.

Enfin, la menace d’un accord UE-Mercosur fait peser le risque d’une « nouvelle casse vers les prix bas », estime Terre de liens.

Les normes « sans rapport avec les revenus »

Pour autant, une partie des agriculteurs bio ne soutient pas les revendications des syndicats qui « attaquent les normes environnementales, alors que cela n’a rien à voir avec nos revenus », explique Samuel Servel, éleveur laitier bio dans le Morbihan, installé en 2011 via Terre de liens.

Terre de liens demande ainsi au gouvernement de « prendre la mesure du ras-le-bol qui s’exprime dans les fermes, bien au-delà des tractations pré-élections professionnelles des Chambres d’agriculture en janvier 2025 ».