Les français boudent les asperges du printemps et mangent des pâtes
AFP le 20/03/2020 à 10:37
Elles annoncent le printemps mais pour l'instant les asperges désertent les assiettes des consommateurs, davantage portés sur les pâtes à l'heure du confinement et des fermetures de restaurants, se sont alarmés jeudi auprès de l'AFP des membres de la profession.
« Les producteurs ont beaucoup de volumes sur les bras à écouler, mais pour l’instant la demande des Français est plus portée sur les pâtes depuis ces derniers jours », constate Astrid Etevenaux, directrice animatrice d’« Asperges de France ». L’Association d’Organisations de Producteurs Nationale (AOPn), qui siège à Bordeaux, représente 30 % de la production nationale, soit environ 200 producteurs, très présents en Gironde et dans les Landes. Les Français se sont tellement rués sur les produits secs comme les pâtes ou le riz que le ministre de l’agriculture Didier Guillaume les a appelés mardi à acheter « des produits frais ».
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Cette crise « ne pouvait pas arriver à un pire moment », confirme à l’AFP Cécile Chéri-Dubourg, qui produit avec son mari des asperges blanches et vertes dans le parc naturel des Landes de Gascogne, à quelque 30 km au nord de Mont-de-Marsan. Hiver doux oblige, « on a démarré cette année le 11 février, alors qu’en général, c’est vers la mi-mars », raconte cette exploitante qui vend en direct chaque année quelque 30 tonnes d’asperges, directement à la ferme ou à des commerces qu’elle livre, à des comités d’entreprise ou encore à un revendeur parisien qui fournit notamment des restaurants.
Avec le confinement et les fermetures de restaurants, tous ses débouchés se sont taris. Même ses ventes par colissimo ont dû cesser. « Le problème, explique-t-elle, est que l’asperge fraîche est très périssable. Dès que cela pousse, il faut la vendre sur le champ ». Elle tente donc de ralentir la pousse en couvrant les buttes d’un plastique blanc qui rejette la chaleur et maintient la terre plus fraiche, car l’asperge ne grandit plus au-dessous de 12 degrés.
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Ventes au camion
Désespérée, elle a lancé mardi un appel sur Facebook, qui a eu beaucoup de succès. « Les gens ont d’abord commandé en gros pour redistribuer aux voisins et amis » dit-elle. « Mais avec le confinement, ils ont dû annuler ». Du coup, elle a proposé, via les réseaux sociaux, un rendez-vous aux intéressés avec des ventes dans son camion. Pour éviter les rassemblements interdits, elle a échelonné les rendez-vous et demandé « un chèque ou l’appoint en cash pour limiter au maximum le contact ». « Dans cette crise, c’est l’industriel qui est privilégié car tout le monde se rue dans les grandes surfaces et nous, les petits producteurs, on est abandonnés », dit-elle.
Mais selon Astrid Etevenaux, l’inquiétude vise aussi les circuits de la grande distribution, théâtre ces derniers jours de razzia au rayon pâtes et riz. « Nous lançons un appel à la grande distribution pour qu’elle référence davantage les asperges sur ses linéaires et les mette en avant ». Sur la durée, la profession espère tout de même tirer profit d’un revirement avec peut-être, un report progressif sur des achats « de produits frais et de saison » à cuisiner, « comme en Italie ».
« Si pour l’instant les Français ne sont pas orientés sur les achats plaisir, l’envie peut revenir avec les beaux jours. Et ils devraient avoir plus de temps pour cuisiner », confinés à la maison, souligne Astrid Etevenaux.