Les producteurs d’œufs remontés contre la grande distribution
AFP le 20/02/2025 à 09:35
Un syndicat de producteurs d'œufs a appelé mercredi à un arrêt des livraisons d'œufs aux enseignes Carrefour et Leclerc après l'annulation à la dernière minute d'une réunion pour déterminer le partage des charges de l'ovosexage entre la distribution et les producteurs.
L’ovosexage permet de déterminer le sexe des embryons dans l’œuf lors de ses 14 premiers jours, afin d’éliminer les mâles avant leur éclosion pour éviter qu’ils soient broyés, pratique majoritairement interdite depuis 2023. Dans le cadre d’un accord interprofessionnel, qui expire le 28 février, la grande distribution payait une cotisation de 59 centimes pour 100 œufs au titre des investissements nécessaires pour mettre en place cette technologie.
Cela représentait au moment de l’interdiction environ 50 millions d’euros par an au total, selon l’interprofession de l’œuf. Mercredi, la Confédération française de l’aviculture (CFA), syndicat professionnel affilié à la FNSEA, a dénoncé dans un communiqué l’annulation à la dernière minute par les représentants de la distribution d’une réunion mercredi sous l’égide du ministère de l’agriculture destinée à trouver un accord.
Un surcoût estimé à 40 millions d’euros
Elle les accuse de « bloquer toutes les discussions pour empêcher tout accord de financement et, pour finir, obliger les producteurs à payer le surcoût de l’ovosexage », qu’elle estime à 40 millions d’euros. « À aucun moment », la distribution « n’a envisagé de solutions dans lesquelles les producteurs auraient à contribuer au paiement de l’ovosexage », a réagi Layla Rahhou, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), auprès de l’AFP.
Elle affirme que la grande distribution, qui « assume seule » le financement de l’ovosexage (81 millions d’euros sur deux ans, selon elle), demande que le coût soit partagé avec « l’ensemble des débouchés des œufs », via de « nouvelles solutions » à trouver, comme le prévoyait l’accord initial. Selon elle, « la position des producteurs (CFA) vise à bloquer les discussions pour parvenir au maintien de l’accord initial de 2022 pourtant caduc », ce qui « n’est pas acceptable ».
Exporter vers des marchés « plus rémunérateurs » ?
L’interprofession française de l’œuf (CNPO), qui devait participer à la réunion, a confirmé à l’AFP son annulation. La CFA demande aux conditionneurs d’œufs « un arrêt total des livraisons vers les enseignes Carrefour et Leclerc, responsables de ce blocage », accuse-t-elle. Elle fait aussi planer la menace d’exporter les œufs vers des marchés « plus rémunérateurs » comme les États-Unis, qui font face à des risques de pénuries en raison d’une flambée des cas de grippe aviaire. Le prix des œufs y a presque doublé en un an.
« L’appel du syndicat à arrêter de livrer certaines enseignes semble caractériser un appel au boycott, qui constitue une grave infraction aux règles de la concurrence », « il faut que cela cesse immédiatement », a averti la déléguée générale de la FCD.
Le syndicat des industriels des œufs Snipo a de son côté dénoncé dans un communiqué l’annulation de la réunion, affirmant que « les poussins seraient payés deux fois plus cher par les éleveurs » en cas de non-renouvellement de l’accord et évoquant un « risque majeur de pénurie d’œufs dans les rayons des magasins ».
Les discussions prévoyaient d’étendre le financement de l’ovosexage à l’ensemble des circuits commerciaux, notamment aux grossistes, demande de la grande distribution, a relevé le Snipo.