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Covid-19 et « monde d’après »

Les propositions de la FNSEA pour davantage de souveraineté alimentaire


TNC le 06/05/2020 à 18:02
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Alors que le concept de souveraineté alimentaire est sur toutes les lèvres depuis le début de la crise sanitaire, la FNSEA entend faire valoir ses propositions pour le monde agricole à travers un manifeste en quatre axes : réorientation des politiques publiques, pacte sociétal, Pac plus intégrée, souveraineté « responsable » et « ouverte ».

Après avoir cosigné le 5 mai une tribune appelant à « rebâtir une indépendance agricole », avec six organisations du monde agricole, la FNSEA a présenté le 6 mai ses propositions détaillées à ce sujet. « Il était important que la FNSEA puisse prendre voix dans ce grand débat qui s’ouvre », a expliqué Christiane Lambert, satisfaite de voir que depuis le confinement, l’agriculture et l’environnement sont en tête des préoccupations des Français.

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Pour la présidente de la FNSEA, qui s’est exprimée lors d’une visioconférence, la période de crise a au moins eu le mérite de rapprocher les Français de leur agriculture, une agriculture qui « a démontré aux yeux de tous sa réactivité et sa capacité à s’adapter en temps réel aux changements de la consommation ». Pour renforcer ces liens, le manifeste « pour une souveraineté alimentaire solidaire », diffusé le même jour par le syndicat, propose d’ailleurs « un pacte entre citoyens et agriculteurs pour assurer une croissance durable de l’agriculture ». Il incite la société et l’État à accompagner les agriculteurs dans la transition écologique où ils sont déjà engagés, en rémunérant correctement les producteurs français, mais aussi, pour ce qui est des pouvoirs publics, en donnant la possibilité à l’agriculture de produire pour toutes les gammes, en mettant en place une politique de développement de l’économie circulaire, ou en accompagnant la recherche pour ne pas priver les agriculteurs de solution de protection des plantes.

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Encourager les capacités de production françaises

Pour Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, la question de la souveraineté alimentaire française soulève également celle des freins qui diminuent les capacités de production de l’agriculture française : taille moyenne des exploitations plus petite que celle des concurrents européens, relations commerciales déséquilibrées avec la grande distribution, coût du travail en forte augmentation, surtranspositions… « Nous sommes le pays où les charges ont augmenté le plus rapidement », déplore-t-il. « La France a eu jusqu’à 14 milliards d’euros d’excédent commercial, mais aujourd’hui, on tourne plutôt autour de 8 milliards d’euros. On a cédé des parts de marché à des pays qui nous ont pris des places, et ce sera très difficile de les reconquérir », rappelle Christiane Lambert.

C’est pourquoi le manifeste du syndicat émet des propositions en ce sens, notamment à travers son deuxième axe qui demande une réorientation des politiques publiques. Il s’agit notamment de valoriser l’acte de production sur le territoire, tout en confortant ou recréant les filières sur le territoire « par une politique d’investissement et de compétitivité ». Des mesures qui ne pourront être efficaces sans « un budget de la Pac en hausse » sur les deux piliers.

L’Europe est par ailleurs un levier important à actionner pour renforcer la sécurité alimentaire, estime la FNSEA, qui regrette les dissensions récurrentes entre États membres sur les questions budgétaires. La Pac doit fixer un objectif de production à l’Union Européenne pour garantir une alimentation pour tous, tous les marchés, tous les budgets, en étant irréprochable sur la traçabilité et la partie sanitaire. Agriculture conventionnelle, agriculture biologique, agriculture raisonnée, circuits courts, haut de gamme, entrée de gamme, la politique agricole européenne doit s’appuyer sur la diversité des formes d’agriculture dans le but de nourrir nos concitoyens qu’ils soient dans les villes ou en zone rurale », rappelle le manifeste du syndicat.

La souveraineté alimentaire, un enjeu stratégique

Si elle a été réaffirmée à plusieurs reprises par le chef de l’État, l’importance de la souveraineté alimentaire doit être prouvée dans les faits aux agriculteurs « qui attendent des actes concrets », rappelle Christiane Lambert.

La souveraineté alimentaire est « une chance pour les consommateurs, pour plus de résilience face aux crises, pour plus d’emploi, pour plus de dynamisme territorial, pour les équilibres alimentaires mondiaux, pour plus de stabilité politique internationale », indique ainsi le manifeste de la FNSEA. Pour la renforcer, « des outils de correction de marchés sont nécessaires pour permettre aux agriculteurs de supporter la volatilité ». Et si le commerce international « reste indispensable », « nous souhaitons donc à la fois produire suffisamment pour le marché alimentaire interne et être présents dans les échanges internationaux, mais à des conditions équitables », souligne la FNSEA.

L’accord UE/Mexique intervient ainsi, pour Christiane Lambert, « au plus mauvais moment ». Pour la présidente de la FNSEA, s’il y a des intérêts offensifs pour l’agriculture, notamment pour les fromages, « si un secteur pourrait encore une fois en souffrir, c’est bien celui de la viande bovine », déjà en difficulté, explique-t-elle, tout en ayant des doutes sur les possibilités réelles de validation de l’accord, après les vifs débats provoqués lors des négociations de l’accord UE/Mercosur.

Les propositions de la FNSEA pour une souveraineté alimentaire solidaire (©FNSEA)