Les propositions des Cuma pour « révolutionner l’agriculture » avec le collectif
TNC le 16/02/2022 à 11:40
Solutions locales, initiatives collectives et mutualisation sont au cœur du modèle Cuma, les coopératives d’utilisation de matériel agricole, depuis 1945. Capitalisant sur cette expérience, elles formulent dans un livre blanc 15 propositions pour « révolutionner l’agriculture », issue d’une large consultation des agriculteurs, avec l'idée d'interpeller les candidats à l'élection présidentielle.
Lancée sur Make.org, la grande consultation initiée par les Cuma a recueilli l’avis de 11 700 agriculteurs qui ont formulé des propositions pour l’avenir de l’agriculture. Dans un livre blanc diffusé le 15 février, les Cuma rassemblent les idées les plus plébiscitées par les participants, autour de quatre axes : gagner en compétitivité et en résilience, créer des solutions par le terrain, faire émerger de nouveaux modèles de coopération, et dynamiser le lien social et sociétal avec l’agriculture. Elles espèrent interpeller à ce sujet les candidats à l’élection présidentielle.
??Le réseau #Cuma sort son Livre blanc,15 propositions pour révolutionner l’#agriculture par le #FaireEnsemble#Presidentielle2022
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cc @Anne_Hidalgo@Fabien_Roussel@EmmanuelMacron@vpecresse@JLMelenchon@yjadotpic.twitter.com/mYH96Kg5XB— Réseau cuma (@CUMAFrance) February 15, 2022
La mécanisation, « angle mort du débat agricole »
Alors que 48 % des agriculteurs envisagent l’acquisition ou le renouvellement d’un matériel agricole dans les deux ans, le sujet de la mécanisation est peu abordé dans les débats sur l’agriculture. Or, les charges de mécanisation pèsent jusqu’à 30 % des charges totales, rappellent les Cuma, qui évoquent aussi les impacts en matière de bilan carbone. Elles proposent donc la mise en place d’un « crédit d’impôt mécanisation collective ». Pour une consommation plus responsable, l’idée de soutenir le reconditionnement de matériel agricole par les constructeurs est également avancée : il s’agirait de rendre ces matériels d’occasion reconditionnés éligibles aux aides aux investissements. Par ailleurs, pour accélérer la transition agroécologique, les Cuma souhaitent la création d’une déduction fiscale de 40 % de l’amortissement annuel de 2023 à 2027 pour l’acquisition de matériel « climato-compatible », d’autant plus que 31 % des agriculteurs envisagent de réaliser un investissement en lien avec l’agroécologie dans les deux prochaines années.
Favoriser la transition par le terrain et la coopération
« Il n’y a pas de solution globale sans action locale, c’est pourquoi c’est à partir d’elle qu’il faut construire l’agriculture de demain », affirment les Cuma. En ce sens, elles proposent un contrat de transition agroécologique signé par les parties prenantes sur les territoires, et un guichet unique pour accéder aux aides relatives à la transition agroécologique.
Pour encourager le collectif et la coopération, les Cuma en appellent également à une définition législative de l’agriculture de groupe, afin de mieux soutenir les initiatives collectives des agriculteurs. 67 % des agriculteurs sont par ailleurs favorables à une ouverture du sociétariat des Cuma pour y faire entrer davantage d’acteurs ruraux. Il faut, parallèlement, alléger les contraintes administratives des Cuma pour en renforcer l’attractivité et le développement, indique le Livre blanc. Enfin, le développement de l’emploi partagé fait également partie des objectifs pour renforcer le collectif.
Dynamiser le lien social
Pour les Cuma, qui croient aux nombreux atouts de leur modèle, « la coopération doit s’étendre au reste de la société afin de renouveler la connaissance et la compréhension mutuelles ». Pour cela, elles proposent donc de soutenir le déploiement de l’Erasmus rural en agriculture, autour de l’appui à des projets de développement agricole et rural, la découverte des métiers de l’agriculture, ou une immersion dans les exploitations agricoles en amont d’un projet d’installation. Elles envisagent également de décliner le modèle Cuma pour des projets collectifs d’acquisition de matériels entre habitants.
Enfin, face à la progression du sentiment de détresse dans le monde agricole, les Cuma veulent également jouer un rôle et proposent d’intégrer les collectifs d’agriculteurs dans les stratégies et plans de lutte contre l’isolement ou le mal-être des agriculteurs (88 % des agriculteurs ayant participé à la grande consultation y sont favorables).