Les raisons de la colère, les revendications et les mesures envisagées
TNC le 25/01/2024 à 17:55
Une semaine après le début des blocages autoroutiers en Occitanie, qui se sont étendus depuis à toute la France, le Gouvernement est pressé par les agriculteurs d’annoncer des mesures concrètes. Alors que la FDSEA et JA d’Ile-de-France menacent de bloquer Paris vendredi midi, Gabriel Attal a prévu de faire ses premières annonces ce vendredi en terres occitanes.
Selon un décompte de la FNSEA, la France recensait 77 points de blocage jeudi 24 janvier un peu partout en France. La Coordination rurale aussi s’est mobilisée sur de nombreuses manifestations en région, et à Bruxelles. Idem pour la Confédération paysanne, qui s’est mobilisée notamment dans le Var et en Bretagne.
Beaucoup de monde sur la place du Breuil #PuyEnVelay Dans le calme #AgriculteurEnColère occupe le centre ville. #HauteLoire#Auvergnepic.twitter.com/o80aoK4EYq
— RH 🍀🚜🐮 💛💙 🤡 😇👿 🥂 (@R_Hugon_43) January 25, 2024
Acculé, le Premier ministre Gabriel Attal doit faire ses premières annonces vendredi, après avoir réuni les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie, . Il devrait se rendre en Occitanie, là où le mouvement a véritablement démarré.
La FNSEA et JA rattrapés par leur bases ?
Le temps presse d’autant plus pour le gouvernement que les « syndicats risquent d’être débordés si l’attente est trop longue », ont alerté les services de renseignement dans une note consultée par l’AFP, soulignant que « les risques de troubles à l’ordre public sont réels ».
Des viticulteurs ont ainsi forcé jeudi matin les portails de deux entrepôts de la grande distribution près de Béziers (Hérault), après avoir incendié des palettes dans la cour d’un grand négociant de vin, a constaté un correspondant de l’AFP. « Maintenant c’est du pain ou ça sera du plomb », proclamait une pancarte dans ce cortège de quelque 80 tracteurs ou remorques à Villeneuve-les-Béziers.
Si la FNSEA et Jeunes agriculteurs ont très vite revendiqué l’opération « On marche sur la tête » initiée par des agriculteurs du Tarn dès la fin octobre 2023, les bureaux nationaux du duo syndical semblent avoir été repris par leur base. Une première fois le 18 janvier quand les producteurs de Haute-Garonne ont décidé de bloquer l’A64. Une deuxième fois ce jeudi 25 janvier : la FDSEA et les JA d’Ile-de-France ont invité leurs adhérents au « blocus de Paris » dès vendredi à 14h, quel que soit le timing des annonces que Gabriel Attal a prévu de faire en Occitanie ce vendredi. Quelques heures auparavant, Arnaud Gaillot expliquait devant les caméras qu’un blocage de Paris ne devait être qu’un dernier recours.
« La balle est dans la camp du gouvernement », à qui il revient « de faire qu’on évite une paralysie du pays », a estimé le président des Jeunes agriculteurs.
[📺🔴En direct #OnMarcheSurLaTete] @gaillot_arnaud@JeunesAgri « A l’heure qu’il est : RIEN n’est négociable. La balle est dans le camp du gouvernement. Nous verrons demain si c’est acceptable ou non. » pic.twitter.com/ugUCkWvyBk
— La FNSEA (@FNSEA) January 25, 2024
Quelles revendications ?
Le désarroi des agriculteurs n’est pas nouveau. Dès l’automne, avec l’opération « on marche sur la tête », la FNSEA et JA dénonçaient les « injonctions contradictoires, l’accumulation de normes » et, surtout, l’absence de vision et de cap de la part de l’Exécutif. L’annonce, en septembre dernier par Bruno Le Maire, de la fin progressive de la détaxation du GNR à partir du 1er janvier 2024 a sans nul doute été l’une des gouttes d’eau qui a fait débordé le vase agricole.
Mercredi 24 au soir, les leaders de la FNSEA et des JA ont présenté au Premier ministre une liste de pas moins de 140 revendications, allant du versement immédiat d’aides à l’allègement de contraintes environnementales. Des revendications qui balaient un spectre très large, de la simplification des normes et des démarches administratives à des mesures d’aides à très court terme, en passant par une opposition plus claire aux accords de libre-échange qui pénalisent les productions agricoles.
« Pour l’instant, rien n’est négociable », a assuré Arnaud Gaillot. Le duo syndical consultera le « terrain » pour voir si la réponse du Gouvernement est « acceptable ».
On voit de plus en plus d’actions avec les 3 syndicats agricoles réunis. Cela signifie que
1. Oui nos difficultés touchent toutes les productions, du maraîcher bio au céréalier
2. Ce mouvement est parti pour durer
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) January 25, 2024
Quelles annonces pourraient être faites ?
La fin de la détaxation du GNR, qui devaient initialement être complète dès le 1er janvier 2024 pour finalement devenir progressive jusqu’en 2030, pourrait faire l’objet d’une annonce de Gabriel Attal. Le Gouvernement planche sur une simplification du dispositif de remboursement, pour permettre à tous les agriculteurs d’en bénéficier. Un crédit d’impôt pour compenser la hausse des taxes est aussi à l’étude.
Outre une meilleure application des loi Egalim, qui nécessiterait davantage de contrôles chez les distributeurs, le Gouvernement étudie les moyens d’accélérer les indemnisations pour tous les agriculteurs sinistrés par les inondations, notamment dans les Hauts-de-France, ou la MHE.
Mais certaines revendications ne dépendent pas de l’Etat Français. Renoncer aux 4 % de jachères est du ressort de l’Union européenne, tout comme la fin des importations massives de produits ukrainiens depuis l’invasion russe. Idem pour la sortie des accords de libre-échange, notamment l’accord UE-Mercosur.