Les sénateurs français contre les projets de réforme de la Pac
AFP le 14/02/2019 à 18:58
Les sénateurs français persistent et signent contre Bruxelles : un rapport transpartisan en cours d'élaboration par deux commissions de la Haute assemblée fustige les propositions de réforme de la future politique agricole commune (Pac) après 2021.
À moins de deux semaines de l’ouverture du Salon de l’agriculture, rendez-vous annuel du monde agricole et rural à Paris, les sénateurs et sénatrices estiment que les propositions de la Commission européenne risquent de déboucher sur « 27 politiques agricoles nationales » et de susciter des « distorsions de concurrence » entre États membres. La Commission européenne a présenté ses propositions le 1er juin 2018 pour la Pac entre 2021 et 2027, prévoyant d’avantage de subsidiarité, un meilleur ciblage des aides, un encouragement à l’innovation et à la recherche et un relèvement des ambitions environnementales et climatiques.
Lors d’une réunion publique jeudi les deux commissions sénatoriales ont indiqué leur refus des coupes budgétaires prévues dans ce cadre pour l’agriculture au profit du financement d’autres politiques communautaires (sécurité des frontières, lutte contre le terrorisme..). Ils font valoir que la sécurité alimentaire du continent – objet de la création de la Pac en 1962 – et le développement de l’agriculture doivent rester une « ambition stratégique » pour l’Europe. Le sénateur socialiste Henri Cabanel (Hérault) a regretté le « manque d’ambition » que l’Europe porte à l’agriculture, qui traite pourtant de santé (qualité alimentaire), d’environnement (lutte contre le réchauffement, biodiversité) et d’économie avec des emplois « non délocalisables ». Évoquant la Chine, la Russie, le Brésil et les États-Unis, puissances agricoles et alimentaires qui ont renforcé leurs aides à l’agriculture depuis le début des années 2000, M. Cabanel a estimé que l’UE va « détruire » son agriculture avec le projet de future Pac. « À qui profite le crime ? », a-t-il dit.