L’Etat demande la réduction du nombre de volailles d’élevage dans l’Ouest
AFP le 02/12/2022 à 14:19
Des élevages de volailles de l'ouest de la France vont devoir être vidés de leurs animaux pour éviter qu'ils ne soient contaminés à leur tour par la flambée de la grippe aviaire, au risque de saturer les capacités d'abattage sanitaire, a annoncé vendredi le ministère de l'agriculture.
À quelques semaines des réveillons de fin d’année, l’État organise la baisse du nombre de volailles dans une zone à cheval entre la Vendée et les Deux-Sèvres, et quid deborde un peu sur le Maine-et-Loire, en raison de l’« accélération » de l’épidémie de grippe aviaire. À compter de lundi, des dindes et canards − « les espèces les plus sensibles [au virus] actuellement » − seront ainsi envoyés de manière anticipée à l’abattoir pour être consommés, sans être remplacés dans les exploitations. Quant aux éleveurs de poulets et poules pondeuses, ils pourront aller au bout de leur cycle de production, mais devront patienter trois semaines avant de réintroduire des animaux dans leurs bâtiments.
Ces mesures, décidées devant l’« accélération » des contaminations, seront réévaluées d’ici à trois semaines.
Le ministère, qui parle de « mesures de dédensification », n’était pas en mesure vendredi de chiffrer le nombre d’exploitations et d’animaux concernés. « S’il y a moins d’animaux dans une zone donnée, il y a moins de risque de flambée (…) ce sont autant d’animaux qui ne seront pas euthanasiés », résume-t-il.
En parallèle, des animaux sains sont euthanasiés dans un périmètre restreint autour des élevages infectés. « L’Etat sera au rendez-vous » pour indemniser les manques à gagner pour les éleveurs, assure le ministère.
Les autorités veulent éviter la saturation des capacités d’abattage sanitaire. Ces dernières ont été dépassées au plus fort de la crise de grippe aviaire de 2021-2022, marquée par une flambée inédite des cas et l’abattage de plus de 20 millions de volailles.
Selon un dernier bilan, 91 élevages, dont 37 en Vendée et Deux-Sèvres, ont été contaminés depuis la résurgence exceptionnellement précoce de l’épizootie d’influenza aviaire cet été. Et près de 1,3 million de volailles ont été euthanasiées. L’État devait déjà débourser plus d’un milliard d’euros pour indemniser les pertes des professionnels liées à la crise de 2021/2022.
« Décision difficile »
Le syndicat Confédération paysanne, opposé à l’agriculture intensive, avait pressé jeudi l’Etat de « reprendre la main sur la gestion de cette crise et enfin faire primer l’intérêt général sur les intérêts économiques ».
« On commence à être débordés par les foyers (…) Il y a une telle densité ! C’est inimaginable », dit à l’AFP Sylvie Colas, de la Confédération paysanne du Gers, qui participe aux réunions avec le ministère.
Selon elle, il était temps que l’Etat décide de réduire la densité de volailles : « C’est une décision difficile à prendre (…) personne ne veut remettre en cause le modèle ultra-industriel. » « C’est vrai que ça va être très enquiquinant (…) on voit déjà les premiers cas d’agriculteurs en difficultés, car les indemnisations ça couvre jamais tout. Mais c’est un moindre mal », estime auprès de l’AFP Pascal Sachot, porte-parole de la Confédération paysanne de Vendée.
Lui-même élève notamment des poulets à la limite des Deux-Sèvres. Il était favorable à « une zone blanche de non production sur toute la Vendée et les départements limitrophes, même pour les poulets ». Il craint que des exploitants soient tentés de remplir de poulets leurs bâtiments désertés par les dindes et canards.
« Il ne faut pas qu’il y ait une catastrophe comme au printemps car je ne sais pas comment l’Etat pourra gérer les cadavres des animaux », poursuit Pascal Sachot.
Le ministère a indiqué vendredi qu’il s’employait à augmenter « les capacités d’intervention » des équipes d’abattage sanitaire. Il a lancé en parallèle un « chantier national » avec les professionnels pour réfléchir aux moyens de rendre la production de volailles « plus résiliente ».
La question se posera notamment de réduire durablement la présence simultanée de volailles dans certains secteurs.