L’exportation de produits alimentaires français appartient-elle au passé ?
TNC le 11/03/2025 à 11:09
Si la forte baisse de la balance commerciale française en 2024 est en partie conjoncturelle, elle révèle aussi un problème de compétitivité des produits agricoles et agroalimentaires français à l’export. Face à cette situation, le CNPA a identifié plusieurs leviers, mis en avant à l’occasion du Salon de l’agriculture.
La France veut-elle être encore une grande puissance exportatrice ? Pour répondre à cette question, le Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires (CNPA) a échangé avec des représentants des filières agricoles et des parlementaires le 27 février.
La France a en effet réalisé en 2024 le solde excédentaire le plus faible depuis les années 1980, une piètre performance qui s’explique en partie par les conditions climatiques, qui ont lourdement impacté la production de céréales. À cela s’ajoutent des tensions diplomatiques, notamment avec l’Algérie qui ont conduit le pays à se détourner de l’offre française, explique Thierry Pouch, économiste aux Chambres d’agriculture.
Il faut néanmoins noter que ce sont essentiellement les échanges avec l’Union européenne qui se sont dégradés ces dernières années. Par ailleurs, l’essentiel de l’excédent provient désormais des industries agroalimentaires : il est de plus en plus difficile pour la France d’exporter ses produits bruts.
Un bilan dramatique ?
La France a-t-elle touché le fond ? « Nous restons dans le top 10 des principales puissances exportatrices de produits alimentaires », rappelle l’économiste, ajoutant que l’Hexagone n’a plus connu de déficit commercial agroalimentaire depuis 1978. Le bilan s’avère, au final, plutôt mitigé. Certaines filières, comme les semences ou les produits laitiers, restent assez performantes, mais le déficit s’aggrave sur d’autres, notamment les fruits et légumes.
Réalisée par le cabinet Asterès, une étude commandée par le CNPA montre bien l’érosion des parts de marchés françaises sur le marché alimentaire mondial, avec un poids qui est passé de 5,7 % en 2010 à 4,4 % en 2023. Le cabinet met également en avant les conséquences négatives en chaîne d’une diminution des exportations de la France : si la filière alimentaire française poursuit sa baisse en volume sans pouvoir continuer à augmenter la valorisation de ses produits, la perte nette serait, d’ici 12 ans, de 11 milliards d’euros d’activité par an, 1,6 milliard d’euros de recettes publiques par an et 33 000 emplois, estime Asterès.
18 propositions pour aider les entreprises à exporter
Pour regagner des parts de marché à l’exportation, plusieurs leviers peuvent être actionnés, estime l’ancien ministre de l’agriculture et député Stéphane Travert. Il faut, d’abord, « assurer une meilleure protection de l’ensemble des prix agricoles », à travers des négociations commerciales plus équilibrées, mais aussi lutter « contre les accords commerciaux qui ne respectent pas nos standards de production ».
Accompagner l’export doit également passer par une planification agricole. « On a besoin d’un suivi très concret pour que les niveaux d’export soient tenus », explique-t-il. Une idée que défend le CNPA en appelant à la mise en place d’un délégué interministériel dédié à l’export agricole et agroalimentaire.
Le collectif propose 17 autres mesures pour relancer durablement les exportations, à travers trois axes : simplifier les procédures et assurer une meilleure coordination entre les pouvoirs publics et les acteurs du secteur, améliorer l’accès aux marchés porteurs et l’accompagnement des entreprises dans les pays clés, et mieux promouvoir les productions françaises à l’international.