Marché à terme, CBOT, Matif… : de quoi parle-t-on ?
TNC le 18/06/2020 à 16:07
Le marché à terme, tous les agriculteurs en ont déjà entendu parler au moins une fois. Mais savez-vous vraiment ce que c'est ? À quoi sert le marché à terme, comment ça fonctionne, quels sont les différents contrats à terme, comment sont fixés les prix, depuis quand ça existe : on vous explique tout.
C’est quoi un marché/contrat à terme ?
Un marché à terme, parfois qualifié de « marché papier » est un marché financier organisé sur lequel on peut acheter ou vendre des contrats à terme.
Un contrat à terme est un engagement financier entre un acheteur et un vendeur de prendre livraison ou de livrer une marchandise dans des conditions standardisées : produit spécifique, à une date donnée, dans un lieu unique et à un prix négocié. À la différence d’un contrat de gré à gré sur le marché physique dont les caractéristiques sont variables, les caractéristiques du contrat à terme sont donc standardisées en termes de qualité, quantité, date de livraison (ou échéance) et lieu de livraison.
Mais un marché à terme n’est pas un marché de débouchés pour les producteurs. Il ne sert pas à commercialiser sa marchandise, mais permet uniquement de fixer des prix, le marché trouvant son débouché sur le marché physique.
À quoi ça sert ?
Un marché à terme a trois grandes fonctions :
- transférer le risque de fluctuation des prix sur un grand nombre d’intervenants ;
- réunir un maximum d’opérateurs en un seul lieu de cotation, rendant les échanges possibles à tout instant ;
- informer les professionnels sur la structure des prix à différentes échéances pour faciliter la prise de décision.
Que représentent les prix sur un marché à terme ?
L’unique variable dont peuvent discuter les contractants est le prix. Comme sur le marché physique, les prix affichés sur le marché à terme résultent de la confrontation entre acheteurs et vendeurs qui se sont accordés pour s’échanger un ou plusieurs contrats, à une certaine valeur. Le prix représente la valeur de la marchandise (appelée sous-jacent) à une date déterminée : l’échéance du contrat.
Que ce soit sur le marché physique ou à terme, les prix sont influencés par les mêmes facteurs : volumes de production, échanges internationaux, parités de monnaie, politiques agricoles, et bien d’autres.
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Comment avoir accès au marché à terme ?
Il est nécessaire de détenir un compte dédié chez un organisme bancaire, dit compensateur. La Chambre de compensation, qui sert d’intermédiaire entre l’acheteur et le vendeur, supprime le risque de contrepartie, c’est-à-dire qu’acheteur ou vendeur fasse défaut dans la transaction commerciale. Elle garantit la bonne exécution des transactions. Mais les ordres d’achat/vente doivent être passés via un négociateur. Souvent, compensateur et négociateur font partie d’une même société.
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Pour mettre en place une couverture financière, ce qui revient à vendre l’équivalent du tonnage de production sur le marché à terme et/ou à acheter des options, un producteur passera souvent par sa coopérative ou son négoce. Des contrats de vente indexés sur le Matif pourront être proposés. Mais il est tout à fait possible pour un agriculteur d’ouvrir lui-même un compte dédié, appelé compte d’instruments financiers (CIF), qui lui permette de se couvrir directement sur le marché à terme. Toutefois, des règles seront à respecter : le volume d’activité autorisé sera calibré en fonction de l’assolement et une formation reconnue devra être suivie. Mais cette solution reste encore peu répandue jusqu’à présent.
Existe-t-il différents marchés à terme ?
Il existe de très nombreux marchés à terme qui traitent des matières premières. Parmi ceux-ci, plusieurs concernent le métier des grains. Dans ce domaine, les plus importants et les plus reconnus sont :
États-Unis
- Chicago Board of Trade (CBOT)
- Kansas City Board of Trade (KCBT)
- Minneaolis Grain Exchange (MGEX)
Canada
- Winnipeg Commodity Exchange (WCE)
Europe
- Euronext (Ex- Marché à terme international de France, Matif en abrégé)
Peut-on utiliser n’importe quel marché à terme ?
Lorsqu’un producteur souhaite gérer son risque de prix en utilisant le marché à terme, il doit utiliser le contrat à terme le plus représentatif de son marché physique, notamment en termes de nature du sous-jacent, de lieu de cotation et de devise.
Le principe de couverture ne sera totalement efficient qu’à la condition que les cours sur le marché à terme soient complètement corrélés aux cours sur le marché physique.
Ainsi, un producteur céréalier français devra utiliser en priorité les contrats présents sur Euronext (communément appelé Matif) et représentatifs du marché français à savoir le contrat Blé Meunier, Colza et Maïs.
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Les contrats à terme utilisables par les producteurs français :
Blé Meunier : Contrat de 50 t (qui correspond à un « lot » dans le jargon) de blé standard (76/15/4/2/2) d’origine européenne de qualité saine, loyale et marchande. Huit échéances sont cotées en permanence sur les mois de septembre, novembre, janvier, mars et mai. Les cotations sont exprimées majorations comprises pour une livraison en rendu Rouen ou Dunkerque, selon la spécification du contrat.
Colza : Contrat de 50 t de graines de colza toutes origines, variété 00, qualité saine, loyale et marchande sur une base de 40 % d’huile, 9 % d’humidité et 2 % d’impuretés. Six échéances sont cotées en permanence sur les mois d’août, novembre, février, et mai. Les cotations sont exprimées majorations comprises pour une livraison Fob Moselle, Fob Gand (Belgique), Bülstringen ou Mitelland Canal (Allemagne).
Maïs : Contrats de 50 t de maïs français jaune, roux, de qualité saine, loyale et marchande. Sept échéances sont cotées en permanence sur les mois d’août, novembre, janvier, mars et juin. Les cotations sont exprimées majorations comprises pour une livraison Rendu Bordeaux, Blaye, Bayonne, La Pallice, Nantes.
Des dérivés peuvent également être souscrits : les options Call et Put.
Depuis quand existe le marché à terme pour les produits agricoles en France ?
Après avoir été interdit pendant de longues années en France, un marché à terme renaît à la bourse de Paris en 1986 : le Marché À Terme des Instruments Financiers, rebaptisé Marché A Terme International de France (Matif) en 1988. À l’origine, seuls des contrats à terme sur des produits financiers étaient proposés. Ce n’est qu’en 1994 que la société Matif crée son premier contrat à terme sur matière première avec la colza. Entre 1996 et 1998, l’activité s’étend au blé tendre et ensuite au maïs.
À l’époque, plusieurs bourses existaient, notamment celles de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne. C’est en 1999 qu’elles décident de fusionner et qu’Euronext voit le jour. C’est depuis devenu une référence incontournable pour le marché des grains en Europe.
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