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Témoignages d'agris

Moisson 2023 : un très bon potentiel altéré par les coups de chaud


TNC le 13/07/2023 à 09:30
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Et chez vous ? Comment se passe ou s'est passée cette moisson 2023 ? Dites-nous en commentaires.

La moisson bat son plein et l'heure est déjà au bilan dans certaines régions. Si le millésime 2023 s'annonçait exceptionnel, certains agriculteurs dressent un constat nuancé. En cause : le coup de chaud venu impacter la fin de cycle des cultures d'hiver.

Agriculteur en Charente-Maritime, Thomas Poinot vient de terminer la moisson pour ses cultures d’hiver, avec une bonne semaine d’avance par rapport à la normale. Et encore, « on a été arrêté une semaine par les pluies », précise-t-il. Globalement, l’agriculteur se dit satisfait des rendements avec « 65 q/ha en orge d’hiver, 30 q/ha en pois de printemps et 66 q/ha en blé tendre. En zone intermédiaire, on ne fait jamais de gros rendements dans nos terres à cailloux : la moyenne quinquennale du blé tendre tourne plutôt autour de 55 q/ha ».

« C’est une année décevante, par contre, pour le colza : on atteint les 29 q/ha de moyenne cette campagne, alors qu’on est d’habitude autour des 35 q/ha ». En cause : la vague de chaleur en fin de cycle. « La plaine était très belle au printemps cette année, toutes les composantes étaient en place pour atteindre des records en cultures d’hiver. Mais les 2 semaines de fortes chaleurs, de sec et de vent de Nord-Est en mai-juin sont venues dégrader le potentiel en fin de cycle ». Le ressenti est similaire pour Stéphane Olivier, installé au nord-est de la Charente, avec des parcelles en sols très séchants (40 mm de réserve utile). L’agriculteur estime à 60 q/ha les rendements en blé tendre conventionnel.

Inquiétudes sur la qualité 

Ces conditions climatiques semblent aussi avoir affecté la qualité des récoltes chez Thomas Poinot. « On a des blés avec 67 kg/hl de PS et des taux de protéines en dessous de 9 %, malgré un pilotage de l’azote adapté… » On dit souvent que la protéine se dilue avec le rendement, mais là, l’agriculteur ne constate pas de différence entre des blés à 60 q/ha et d’autres à 75 q/ha. « À côté de ça, j’ai un blé biscuitier où on ne veut pas un fort taux de protéines, et pour qui on a soldé les apports d’azote fin mars, qui donne un taux de protéines à 13 % pour un rendement de 55 q/ha… », ajoute-t-il. 

Agriculteur dans le Loiret, Gilles VK partage également ses inquiétudes vis-à-vis de la qualité dans des vidéos publiées sur sa chaîne Youtube avec notamment « un calibrage très mauvais » des orges de printemps semées à l’automne. « Les rendements sont aussi un peu décevants en orge d’hiver », indique l’agriculteur. Pour les colzas, il a dû récolter assez précocément les parcelles grêlées (à 30 %) afin de limiter le risque de perte de grains. « Autour des 25 q/ha, le rendement n’est pas si mauvais (moyenne sur 10 ans : 27 q/ha), mais on espérait une année exceptionnelle ». 

Même constat dans les premiers blés fauchés : « beaucoup de parcelles décrochent alors qu’il y avait un très bon potentiel au printemps ». Là encore, le gros coup de sec et de chaleur a dû impacter la phase de remplissage des grains dans le Loiret. « On part plutôt sur une année moyenne avec 55-60 q/ha (60 q/ha habituellement) dans nos terres superficielles (environ 60-80 mm de réserve utile) », précise le producteur qui enregistre des PS autour de 74-75 kg/hl. 

« Des différences marquées selon les types de terres »

À l’occasion du conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer du 12 juillet, Benoît Piétrement soulignait « les différences entre les types de terres encore très marquées. Selon les secteurs, les excès de chaleur ou d’eau en juin ont pu faire du mal aux petites terres. La moisson n’est pas finie, mais globalement on peut dire que les rendements sont plutôt satisfaisants et la qualité est là. Il y a toutefois un peu de déception car on partait avec de très beaux potentiels ». 

Dans une vidéo, Gilles Van Kempen souligne aussi la nuisibilité du ray-grass : « dans une parcelle de blé tendre, j’ai modifié le programme pour faire varier les molécules utilisées mais cela s’est avéré moins efficace. Pour les endroits les plus infestés, le rendement décroche à 30 q/ha ». « Globalement, les champs sont assez sales cette année, en particulier sur la partie de l’exploitation avec une plus courte rotation. De plus, étant en TCS, je n’ai eu pas recours au labour depuis très longtemps. Cela peut jouer sur le stock semencier, même si ça résout d’autres problèmes », indique l’agriculteur.